Des hôpitaux retiennent contre leur gré des centaines de milliers de personnes chaque année – dont beaucoup sont des mères et des nouveau-nés – simplement parce qu’elles sont trop pauvres pour payer leurs factures médicales.

Selon une étude parue sur le site du « Chatham House », un centre de recherche « pour un monde plus juste », cette pratique est largement répandue dans certaines parties de l’Afrique subsaharienne et en Asie. Dans ces pays, les patients sont enchaînés à des tuyaux d’égout, affamés et abusés. Les patients indigents sont souvent contraints d’accomplir des actes sexuels avec le corps médical pour payer leurs factures.

Les habitudes ancrées

« C’est un problème profondément enraciné dans les habitudes. L’ampleur  des abus et l’immense pression exercée sur les plus vulnérables constituent un obstacle rédhibitoire au droit à la santé pour tous (…). Les gens sont détenus sans procès. Ils sont enfermés avec des gardes de sécurité. Les femmes donnent naissance à des bébés qui entrent dans le monde en tant que prisonnier », a déclaré Robert Yates, spécialiste de la sécurité sanitaire mondiale et co-auteur du document.

Selon le porte-parole du Chatham House se sont «les frais d’accès aux soins de santé qui sont à l’origine du problème, et cela montre à quel point un système de santé financé par le secteur privé peut être pernicieux. »

Les militants « pour un monde plus juste » appellent la communauté internationale à plus de recherches sur les conditions d’accès aux soins médicaux et à une prise de conscience de cette pratique dégradante.

Bien que le nombre exact de détentions médicales soit inconnu, dans certains pays, la pratique est si courante que les gens considèrent qu’il soit «normal» que les hôpitaux retiennent ceux qui ne peuvent pas payer leurs frais de soin. Les politiciens profitent de cette situation pour alimenter leurs campagnes électorales. A preuve, au Nigeria, un aspirant au poste de gouverneur a payé plusieurs factures de patients dans un hôpital public de l’État d’Osun. L’on peut également citer le cas de la femme d’un gouverneur sortant de l’Etat d’Abia qui a donné des cadeaux aux mères allaitantes et a payé leurs factures après leur avoir rendu visite à l’hôpital en compagnie de son mari.

Les actes désespérés

Les personnes qui risquent d’être détenues arbitrairement sont les personnes les plus pauvres. Parmi ces patients, il y a  ceux qui ont besoin d’un traitement d’urgence et surtout des femmes enceintes. Beaucoup d’entre elles ont recoure à des actes désespérées pour échapper à la détention arbitraire.

Les enquêteurs, après avoir passé six semaines en 2016 dans un établissement de santé en République démocratique du Congo, ont noté que 54% des femmes ayant accouché dans cet établissement avaient été détenues pour non-paiement de frais de santé. L’étude fait également état du cas des nombreuses femmes et enfants injustement détenus pendant plusieurs mois dans des conditions inhumaines.

Au Cameroun, une femme enceinte est morte sur les marches d’un hôpital public, parce qu’elle n’avait pas d’argent pour payer les traitements. Les membres de sa famille ont tenté en vain de maintenir ses jumeaux vivants.