Après avoir posé une main sur l’épaule des homosexuels, des couples non mariés et les défenseurs de la théorie du Big Bang, le pape François a réconforté les amateurs de chiens, en particulier, et les militants des droits des animaux, en général. En effet, parlant de l’au-delà, lors de son allocution hebdomadaire sur la place Saint-Pierre au Vatican, le pape a semblé suggérer que les animaux pourraient aller au ciel. Evoquant un garçon désemparé par la mort de son chien, le pape a dit : «Un jour, nous allons revoir nos animaux de compagnie dans l’éternité du Christ. Car le paradis est ouvert à toutes les créatures de Dieu ».

L’âme animale…

Ce fragment du discours du Pape François s’est répandu comme une poudre de canon, suscitant des réactions diverses. Cette remarque papale a été bien accueillie par des groupes de défense des droits des animaux, comme le « Humane Society » qui militent pour le traitement éthique des animaux. En revanche, elle n’est pas du gout des tenanciers de la théologie catholique romaine qui dit que les animaux ne peuvent pas aller au ciel parce qu’ils n’ont pas d’âme.

Cependant, Charles Camosy, auteur et professeur d’éthique chrétienne, a déclaré qu’il était difficile de savoir précisément ce que le pape François a voulu dire, car il a parlé « dans un langage pastoral qui ne est pas vraiment destiné à être disséqué par des universitaires. » Mais il a reconnu que le pape relance « absolument » le débat sur l’existence ou non d’une âme animale.

…un débat historique

La question de savoir si les animaux vont au ciel a été débattue pendant une grande partie de l’histoire de l’église. Le pape Pie IX, qui a dirigé l’église de 1846 à 1878 -le mandat le plus long de l’histoire du Vatican- a fortement soutenu la doctrine que les chiens et autres animaux n’ont pas de conscience. Il a même cherché à contrecarrer la création en Italie d’une organisation ayant pour objet la prévention de la cruauté envers les animaux.

Le Pape Jean-Paul II a pris le contrepied de Pie IX quand il a proclamé en 1990 que les animaux ont des âmes et sont «aussi proches de Dieu que les hommes ». Mais le Vatican a étouffé cette « proclamation » parce qu’elle jetait le discrédit sur la « Grandeur » de Pie IX, qui, il faut le rappeler, a été le premier Pape à déclarer la doctrine de l’infaillibilité pontificale en 1854.

Le pape Benoît, a semblé rejeter catégoriquement le point de vue de son prédécesseur dans un sermon en date de 2008 dans lequel il a affirmé que quand un animal meurt, cela « signifie simplement la fin de son existence sur la terre. »

Effets végétaliens

Ce renversement de position apparemment opéré par le pape François pourrait avoir des effets énormes, a estimé une militante des droits des animaux. « Si tous les animaux vont au ciel, cela implique qu’ils aient une âme. Et si cela est vrai, alors nous devons envisager sérieusement la façon dont nous les traitons. Nous devons admettre que ce sont des êtres vivants, des créatures de Dieu et donc dignes de respect».

Les propos du pape François pourraient influencer les habitudes alimentaires, en particulier la consommation de la viande. Les végétaliens de longue date interprètent les propos du pape comme une nouvelle raison convaincante de ne pas manger de la viande.

Cependant, ce changement de position est potentiellement inquiétant pour les industriels du bœuf, du porc, de volaille et des fruits de mer. Le Conseil national des producteurs de porc des États-Unis, a réagi en déclarant dans un courriel que « l’abattage et manger des animaux n’est pas un péché », citant des passages de la Genèse qui disent que Dieu a donné à l’homme  le pouvoir de « dominer les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tout animal qui se meut sur la terre. « 

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