Le tyran s’assure de la passivité bienveillante de ses sujets par plusieurs moyens. Par la coutume d’abord, qui finit par leur faire apparaître leur condition comme « naturelle », répond La Boétie dans le Discours de la servitude volontaire (1547). Par la hiérarchie, ensuite, qui renforce le pouvoir du tyran en le disséminant. C’est également ce que soutiendra Rousseau dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755) : « Les citoyens ne se laissent opprimer qu’autant qu’entraînés par une aveugle ambition et regardant plus au-dessous qu’au-dessus d’eux, la domination leur devient plus chère que l’indépendance, et qu’ils consentent à porter des fers pour en pouvoir donner à leur tour. »

Légitimation du pouvoir  

Dans Économie et Société (1922), le sociologue allemand Max Weber s’interroge, notamment, sur les moyens par lesquels l’homme politique rend son pouvoir acceptable et se fait obéir sans avoir besoin de recourir à la force. Il est ainsi amené à distinguer trois formes de légitimation, qui correspondent chacune à un type d’autorité particulier.

Dans l’autorité traditionnelle, la légitimité du pouvoir est fondée sur la croyance au caractère sacré des pratiques héritées du passé : on suit la règle, simplement parce qu’elle a toujours existé.

Dans l’autorité charismatique, c’est l’aura (ou la force mystérieuse qui semble se dégager du chef) qui fonde la légitimité de son pouvoir sur les autres hommes : on obéit au sorcier ou à l’empereur parce qu’on le croit doué de qualités supérieures à celles du commun des mortels.