Ainsi le pouvoir circulerait dans tous les rouages de la société, partout où l’on peut observer des rapports de force et des stratégies de domination : dans les relations qui unissent le médecin à son malade, le psychiatre au fou, l’homme à la femme, les parents à leurs enfants, le professeur à ses élèves, etc.

Foucault souligne également l’interdépendance étroite qui s’établit nécessairement entre pouvoir et savoir. L’exercice du pouvoir, selon lui, s’appuie toujours sur la constitution d’un savoir. Il y a d’ailleurs fréquemment convergence et simultanéité dans les productions du savoir et du pouvoir. Le pouvoir du professeur, par exemple, repose explicitement sur le savoir qu’il détient et qu’il est censé transmettre à ses élèves.

Obéissance du pouvoir

Le pouvoir n’a pas nécessairement besoin de la force pour s’exercer. En effet, généralement, celui qui obéit le fait de son plein gré, sans même songer à contester le bien-fondé de l’ordre qui lui est donné. Cette domination consentie n’a pas cessé de piquer la curiosité des philosophes. Ainsi, dès le XVIe siècle, Étienne de La Boétie (1530-1563) fait l’hypothèse d’un « désir de servitude » pour expliquer le fait que les hommes consentent massivement à servir le tyran et à lui obéir. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’obéissance n’est pas obtenue par la force, car la force n’est jamais du côté de celui qui domine, mais toujours au contraire du côté des opprimés. Certes, le tyran est bien armé, mais il suffirait que le peuple se soulève pour que le tyran soit désarmé du jour au lendemain.