Ruth Clark est décédée d’un cancer du sein en 1953 et le Redwood Inn parti en fumée à peu près au même moment. La famille Clark a alors éclaté, séparé, dispersé. Clark a suivi une tante et un frère en Californie, où il s’est hissé au sommet de la scène du jazz, devenant un habitué du club dénommé « Lighthouse » à Hermosa Beach, près de Los Angeles. L’endroit était inondé d’alcool et de stupéfiants. Clark est rapidement devenu accro. Il a déménagé à New York à la fin de 1956 ou au début de 1957, à l’âge de vingt-cinq ans. Il tentait vainement de se déprendre de la drogue pendant de brèves périodes, souvent en visitant l’hopital Bellevue ou en rendant visite au psychiatre controversé Robert Freymann (auxquels les Beatles auraient fait référence dans leur chanson « Doctor Robert »).

« La première fois que je me souviens avoir rencontré Sonny Clark, cétait au club « Five Spot Cafe » au Cooper Square à Manhattan en 1957 », a déclaré le contre-bassiste Bob Whiteside : « À l’époque, Sonny travaillait comme chauffeur pour Nica [Pannonica de Koenigswarter, la riche mécène des musiciens de jazz], et avait l’habitude de venir avec elle et Thelonious Monk. Monk y jouait avec son quartet, qui comprenait Johnny Griffin, Roy Haynes et Ahmed Abdul-Malik. Je savais que Sonny avait joué du piano sur de merveilleux disques, mais c’est à peu près tout ce que je savais. Son apparence n’était pas celle d’un drogué. Il avait juste l’air d’être un mec sympa ».

« La barone De KoenigsWarter avait engagé Sonny Clark pour être son chauffeur et l’avait hébergé dans sa maison du New Jersey afin de l’aider à arrêter de se droguer. Son addiction dérangeait, mais les gens l’aimaient personnellement et voulaient l’aider. De plus, d’autres musiciens le cherchaient en raison de son style pianistique caractéristique, combinant propulsion légère et blues lourd ».