Pendant près de huit décennies, Ahmad Jamal a forgé un son unique qui a dépassé les frontières et les genres. Son concept de « l’espace » contrastait fortement avec la musique complexe connue sous le nom de Be-bop, un vent de folie qui s’était emparé du monde du jazz, lorsqu’Ahmad Jamal commençait tout juste sa carrière d’adolescent au milieu des années 1940.

Au début, son approche majestueuse du piano, caractérisée par des accords denses, une variation dynamique des rythmes et surtout l’utilisation judicieuse du silence, a suscité des critiques dédaigneuses dans la presse. Martin Williams, auteur  de « The Jazz Tradition », décrit sa musique comme « chic et superficielle ».

Mais, Ahmad Jamal devint très vite une partie intégrante et incontournable du paysage musical contemporain. Il a choisi une voie différente de celle des pianistes virtuoses du Be-bop, qui s’est avérée tout aussi influente. Herbie Hancock et Keith Jarrett font partie des pianistes éminents qui ont cité Ahmad Jamal comme leur modèle.

Pittsburgh

Ahmad Jamal est né, Frederick Russell Jones, à Pittsburgh le 02 juillet 1930. Quand Fritz, comme on l’appelait, avait 03 ans, son oncle l’a mis au défi, qu’il releva, de dupliquer ce qu’il jouait au piano. Il débuta des études formelles de piano à l’âge de 07 ans et rapidement suivit un programme avancé. Il déclara dans un entretien paru en 2018 : « J’ai étudié Art Tatum, Bach, Beethoven, Count Basie, John Kirby et Nat Cole. J’étudiais Liszt. Je devais connaître la musique classique européenne et américaine. Ma mère étant riche d’esprit, m’a conduit à une autre personne riche : mon professeur, Mary Cardwell Dawson, qui a lancé la première compagnie d’opéra afro-américaine du pays. »