Les règles sur la conduite routière à gauche ou à droite, l’arrêt aux feux rouges, la file d’attente, ne pas jeter de déchets, ramasser les dépôts de notre chien, sortir couvert en temps de pandémie etc…, tombent dans la même catégorie. Ils sont les éléments constitutifs d’une société dite « harmonieuse ».

Il est tentant de vouloir établir une société moins formalisée, une société sans gouvernement, un monde où la liberté individuelle prime: une société anarchique.

Le problème avec l’anarchie, cependant, est qu’un tel système d’inorganisation est intrinsèquement instable: les humains génèrent continuellement et spontanément de nouvelles règles régissant le comportement, la communication et les échanges économiques, et le font aussi rapidement que les anciennes règles sont défaites.

Régulation spontanée

Le prix Nobel d’économie 2009, Elinor Ostrom, a observé un « phénomène de construction spontanée » concernant les règles lorsque les gens devaient gérer collectivement les ressources communes, telles que les terres communes, la pêche ou l’eau pour l’irrigation.

La politologue et économiste a constaté que les gens élaborent collectivement des règles concernant, par exemple, le nombre de bovins qu’une personne peut faire paître, où et quand; qui obtient la quantité d’eau et que faire lorsque les ressources sont limitées; qui surveille qui et quelles règles règlent les différends. Ces règles ne sont pas seulement inventées par les dirigeants et imposées de haut en bas ; elles découlent souvent, sans préalable, des besoins d’interactions sociales et économiques mutuellement satisfaisants et utiles.