L’envie de renverser des règles étouffantes, injustes ou carrément inutiles est tout à fait justifiée. Mais sans un minimum de consensus – et une tendance à la stabilité – la société glisserait rapidement dans un pandémonium. En effet, de nombreux spécialistes des sciences sociales considéreraient notre tendance à créer, à respecter et à appliquer des règles comme le fondement même de la vie sociale et économique.

Spécificité humaine  

Cet attachement à la règle semble unique aux humains. Cependant, de nombreux animaux se comportent de manière très rituelle – par exemple, les danses de séduction bizarres et complexes de différentes espèces d’oiseaux – mais ces comportements sont inhérents à leurs gènes et donc non inventés par les générations d’oiseaux précédentes.

L’autre différence à noter est qu’alors que les humains établissent et maintiennent des règles en punissant leur violation, les chimpanzés, eux, ne le font pas. Les chimpanzés peuvent riposter lorsque leur nourriture est volée mais, surtout, ils ne punissent pas le vol de nourriture en général – même si la victime est un membre proche.

Chez l’homme, les expériences sur les enfants ont cependant montré que le formalisme prend également effet très tôt. En effet, malgré les thèses contraires, la normalité ou le respect de l’ordre établi semble ancré dans l’ADN des êtres humains.

En fait, la capacité de l’espèce humaine à s’accrocher et à appliquer des règles arbitraires est cruciale pour sa survit en tant qu’espèce. Si chacun de nous devait justifier systématiquement chaque règle (pourquoi nous conduisons à gauche dans certains pays et à droite dans d’autres; pourquoi nous disons s’il vous plaît et merci), nos esprits s’arrêteraient de fonctionner.