Une équipe de chercheurs de l’Université de Harvard s’est intéressée à la longévité des dirigeants issus d’une quinzaine de pays. Les conclusions de leurs travaux peuvent paraitre surprenantes. Extraits :
Méthode
Pour étudier cette question, nous avons comparé la durée de vie des dirigeants nationaux élus dans 17 pays avec celle des candidats malheureux n’ayant jamais servi à des postes de hautes responsabilités. Nous avons réuni des données sur des élections nationales qui se sont déroulées en Australie, Autriche, Canada, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Irlande, Italie, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Espagne, Suède, Royaume-Uni et États-Unis (…)
Nous avons observé les années de vie à partir des dernières élections entre les dirigeants élus et les finalistes qui n’ont jamais servi au plus haut poste de l’Etat, sous l’hypothèse que les deux groupes avaient la même condition d’existence économique, psychologique et sociale par rapport à la population en générale.
Des approches similaires ont déjà été utilisées dans des comparaisons de longévité entre les gagnants et les perdants à l’issu des événements spécifiques (par exemple, des comparaisons de mortalité chez les acteurs remportant un Academy Award, les joueurs de baseball intronisés au Temple de la renommée et les lauréats du prix Nobel)
Dans de nombreux pays évoluant dans un système parlementaire, le chef du gouvernement n’était pas nécessairement le chef du parti de la majorité au cours des années antérieures, mais a plutôt été choisi après que les élections aient eu lieu (par exemple, Manuel Azaña en Espagne). Dans d’autres cas, le chef a été nommé sans aucune expérience électorale (par exemple, Neville Chamberlain, au Royaume-Uni, désigné comme Premier ministre après que son prédécesseur ait pris sa retraite). Pour tenir compte de ces facteurs, nous nous sommes concentrés sur des candidats qui ont participé à une élection et ont, soit, remporté un scrutin et exercé ce mandat, soit, n’ont jamais gagné une élection et n’ont jamais exercé le pouvoir (…)
Nous avons comparé le taux de mortalité entre ces deux groupes pour deux raisons. Tout d’abord, les candidats qui ont servi à des hauts postes de l’Etat, mais qui ont perdu ou jamais concouru à une élection, peuvent avoir moins de pression et donc de risque de mortalité que les candidats qui ont remporté une élection et servis au poste convoité. Pour une raison de clarté, nous avons limité notre analyse aux dirigeants élus et candidats non élus qui n’ont jamais servi. Deuxièmement, très peu de pays aujourd’hui ont un chef du gouvernement qui n’a pas été chef de parti. Par conséquent, l’exclusion des candidats qui n’ont pas été élus de manière conventionnelle, nous a permis de généraliser nos résultats de manière plus appropriée aux candidats qu’on voit un peu partout dans le monde. (…)
Résultats
Sans ajustement de l’espérance de vie, nous avons constaté que les dirigeants élus ont vécu 4,4 années de moins que leur concurrent malheureux. Après ajustement nous avons estimé que les dirigeants élus ont vécu 2,7 (0,6 à 4,8) ans de moins que les candidats éconduits à la présidence.