L’harmolodic

L’auteure rapporte également d’autres « territoires » à travers un langage direct et sans fioriture qui illumine la vie et l’œuvre d’Ornette Coleman sans pour autant jeter l’eau sur le feu de son originalité.

A la lecture du livre on réalise la force de l’impact des femmes dans la carrière de d’Ornette Coleman, y compris non seulement sa sœur Trudy mais aussi la poétesse Jayne Cortez, un leader du mouvement « Black Arts Movement » à Los Angeles, avec qui Coleman a eu un fils, le batteur Denardo Coleman.

Le livre évoque la scène post-Beat à Greenwich Village, que Coleman a un moment transformé en lieu de débat culturel.  

Maria Golia a bien capturé la pollinisation croisée des arts dans les lofts de SoHo une décennie plus tard. Elle parcourt les dernières années du saxophoniste marquées par la reconnaissance de ses pairs et la collecte de prix et diplômes honorifiques.

La partie peut-être la  plus impressionnante du livre est celle consacrée à la philosophie cryptique et elliptique de la musique de Coleman, qu’il a appelée « Harmolodics », sans s’efforcer de la défendre par un discours académique (policé) ou de la rejeter. Évidemment épris par le personnage, Maria Golia évite les sujets qui pourraient déteindre l’artiste, comme ses différentes périodes de jachère ou la qualité de son jeu de violon et de sa peinture. Mais tout cela fait également partie des « territoires » lumineux crées par Ornette Coleman.

Conçue comme un espace de liberté, le questionnement  d’Ornette Coleman est non seulement une expérimentation de la matière sonore, mais aussi une forme de sagesse.