Le livre explore le territoire du blues du Texas avec acuité, ressuscitant une variété de pionniers du Blues qui occupaient un terrain culturel qui a bercé Coleman dans sa jeunesse: Blind Lemon Jefferson, le guitariste et chanteur larmoyant né au Texas, vénéré pour ses chansons gémissantes de deuil; le multi-instrumentiste T-Bone Walker, un autre Texan, exemplaire du blues de haut vol; et des artistes à l’intersection du blues et du jazz, tels que Eddie Durham, l’arrangeur de grand orchestre-swing et innovateur de la guitare électrique. Sans oublier Louis Jordan, le chanteur et saxophoniste alto qui a fait du «jump blues» un engouement populaire.

Ornette Coleman, dont le premier groupe s’appelait les « Jam Jivers », exprimait de multiples souches de blues dans une musique cinétiquement émotive et électriquement énergique.

En fait, écouter aujourd’hui cette musique autrefois controversée frappe par sa bizarrerie, que le temps a semble-t-il a dissipé, mais dont le Blues terreux demeure. Ce qui paraissait autrefois obtus et aliénant apparaît désormais comme l’expression –brutale, émotionnelle, sans concession et sans prétention- du Blues.

Parmi les artistes de Blues qui ont le plus significativement marqué Coleman on peut citer le leader du groupe « Trudy Coleman et son orchestre » (Trudy Coleman et son orchestre), sa sœur aînée. Véritable battante du Blues, Trudy Coleman était une protégée de Big Joe Turner, le «Boss of Blues», qui lui a donné le surnom de «patronne». Elle avait 10 ans de plus qu’Ornette, «connaissait bien Fort Worth» et «était là pour le protéger», écrit Maria Golia. La « Patronne »  s’est arrangée pour qu’Ornette  fasse partie –son premier travail professionnel- du groupe de Turner.