Voici une information qui risque fort de raviver l’interminable débat sur l’impact du téléphone portable sur la santé de l’homme. Une étude qui vient d’être publiée dans la revue scientifique de référence, Occupational & Environmental Medicine, montre en effet que l’utilisation intensive d’un téléphone portable est plus souvent retrouvée parmi des malades ayant eu un cancer du cerveau, type gliome. Ce type de tumeur, est habituellement redoutable, se développe rapidement dans le cerveau.

Méthodologie

L’étude, baptisée «Cerenat», regroupe toutes les tumeurs cérébrales, bénignes ou malignes, survenues entre juin 2004 et mai 2006 chez les personnes de plus de 15 ans. Les chercheurs de l’UFR de sciences et médecine de Bordeaux ont analysé le profil des malades utilisateurs de téléphone portable vivant dans plusieurs régions de France. Ils ont ensuite comparé ces profils avec celui de résidents de ces mêmes endroits, du même âge, de même sexe, utilisant eux aussi des téléphones portables mais n’ayant pas eu de tumeur au cerveau.

Ce type d’étude cas-témoins est souvent utilisé pour des raisons d’efficacité statistique, lorsque l’on recherche les causes possibles d’une maladie rare. «C’est une étude méthodologiquement très solide », analyse le Pr Gérard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique de l’institution : «elle confirme ce qu’avait dit le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et l’Anses ».

Réduire les expositions

Les cancers du système nerveux central sont heureusement rares. Pour les personnes nées en 1950, le risque d’être atteint de ce cancer avant 75 ans est de 0,66 % pour un homme et de 0,43 % pour une femme. Par comparaison, le risque est d’environ 10 % pour le cancer de la prostate chez l’homme, et le cancer du sein chez la femme.

«Le groupe de travail du CIRC, qui a examiné plusieurs centaines d’études épidémiologiques sur le sujet, estime qu’il existe un lien possible entre l’usage du téléphone portable et l’apparition de gliomes et de neurinomes de l’acoustique (des formes de tumeur du cerveau et d’un nerf de l’audition, NDLR)», soulignait l’an dernier l’Institut national du cancer. «Cette étude, qui en confirme d’autres, souligne l’importance de réduire les expositions, en particulier chez les usagers intensifs et les enfants », remarque le Pr Lasfargues.

Les recommandations essentielles pour un bon usage du portable se résument dans l’utilisation d’une oreillette (filaire ou bluetooth) ou éloignement du téléphone portable de sa tête lorsque les émissions d’ondes sont les plus fortes. En particulier dans les secondes qui suivent la numérotation, et chaque fois qu’il n’y a qu’une ou deux barrettes sur le téléphone, dans les zones où la réception est mauvaise (parkings souterrains, ascenseurs, lieux confinés). Lorsque l’on achète un appareil, «il faut privilégier les téléphones ayant le DAS (débit d’absorption spécifique) le plus faible, insiste Gérard Lasfargues, certains ont un DAS bien inférieur à 1W/kg ».

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