En règle générale, après 45 minutes en moyenne d’activité, l’individu ressent de la fatigue. Souvent, il éprouve le besoin de manger, de se dégourdir les jambes… S’il n’a pas la possibilité de le faire, il rencontre des difficultés à rester concentré. Il subit le travail le reste du temps: improductif, il peut devenir irritable voire perturbateur.

Après une interruption de 5 minutes en moyenne, il se sent en revanche prêt à se remettre au travail avec une énergie qui semble s’être renouvelée, ou avec de nouvelles idées. Ces « creux ludiques » ou pauses sont donc utiles, voire nécessaires.

 «Creux ludiques»

Le « creux ludique » est un défaut de concentration, oscillant entre 2 à 7 minutes, pendant lequel l’individu reste apte à écouter, comprendre et mémoriser, mais pas à réfléchir ni réagir. Ce n’est pas une véritable rupture du travail, puisque s’ensuit une nouvelle phase de concentration, pendant laquelle l’individu s’immobilise, semble se fermer au monde et à son propre corps.

Le groupe est composé d’individus qui ont des rythmes personnels différents, et qui risquent donc de se gêner mutuellement : en pleine concentration, être interrompu par quelqu’un qui demande à ouvrir la fenêtre ou à sortir est assez désagréable. Une solution consiste à synchroniser les creux ludiques pour éviter qu’ils ne nuisent individuellement au travail en se manifestant spontanément. C’est-à-dire qu’il faut non seulement les permettre, mais les provoquer ! À peu près toutes les dix minutes, il faut organiser la dérivation de l’attention de tout le groupe, pour le cadencer.

On provoque un creux ludique en :

• reformulant en termes simples.

Les grandes lignes ayant été précisées, la reformulation avec détachement permet un petit temps de répit, associé à la satisfaction de voir les progrès et de pouvoir les mémoriser facilement ;

• donnant un exemple.

Un aspect concret va intéresser, en même temps qu’il n’est pas perçu comme central, et permet donc un moment de semi-repos ;

• apostrophant gentiment un participant par une question très dirigée ou semi-ouverte. Elle n’impose pas sa réelle réflexion, mais permet de détourner l’attention de tous pendant quelques secondes, pour ensuite mieux se concentrer ;

• évoquant, en faisant appel à l’imagination.

Une comparaison, une image, une évocation ouverte invitent l’esprit à vagabonder quelques instants et lui procurent le plaisir de l’évasion momentanée ;

• plaisantant.

Détendre un peu l’atmosphère, faire sourire par un jeu de mots astucieux, une association incongrue aide à relâcher la tension qui s’accumule avec la concentration, et laisse l’esprit plus disponible ensuite. Il faut bien sûr choisir la méthode qui dérange le moins le travail en cours, et alterner les différentes techniques. Rien de plus lassant que le directeur de service ou le formateur qui lance une blague idiote toutes les cinq minutes ! Par contre, une plaisanterie fine de temps en temps est très appréciée, car elle favorise la détente et la proximité.

Utilité de la pause

La charge émotionnelle qui s’accumule pendant les phases de travail a besoin de trouver un exutoire. Il faut faire cinq à dix minutes de pause tous les trois quarts d’heure à peu près. Le meilleur moment est celui où le groupe vient d’atteindre un objectif et d’en formuler la synthèse. La mémorisation du résultat sera meilleure après un moment de détente agréable. On peut aussi faire une pause avant que n’éclate un conflit.

Si on observe des enfants ou des ados qui ont beaucoup travaillé, on constate qu’ils sortent en courant, en criant, en chahutant dans le couloir. Ils se déchargent de la tension accumulée. Les adultes ne savent plus le faire, et beaucoup arrivent déjà très tendus en réunion. Une cigarette, une déambulation dans les couloirs peuvent rendre la sérénité à ceux qui l’ont perdue. Il est nécessaire de laisser aux individus qui viennent de travailler un moment de liberté qui leur permette de se retrouver dans leur intimité. Cette pause, que chacun met à profit à sa guise et pendant laquelle il est possible de s’isoler, permet à tous les membres du groupe de retrouver un moment d’autonomie et de revenir avec plaisir au sein du groupe.

Pause organisée

C’est la plus efficace, car le directeur de service en profite pour intervenir auprès du personnel dans un style décontracté. La machine à café, le couloir, la cour permettent d’être debout, de bouger librement. C’est à ce moment-là qu’on peut désamorcer des conflits, établir une communication de qualité avec les autres, trouver des solutions inattendues. Une autre pause très efficace consiste à faire apporter dans un coin de la pièce ou dans un petit local contigu un plateau de gâteaux et une boisson, ou un verre de vin et un morceau de fromage. Effet dégel assuré ! La convivialité n’est pas à négliger, même avec ses collègues de travail !

Règlementation de la pause

Le salarié a droit au minimum à 20 minutes de pause pour 6 heures de travail quotidien, minimum qui peut être allongé lorsque la convention collective le prévoit et selon les usages du secteur d’activité. Il est tout à fait possible de fractionner la pause, par exemple en deux périodes de 10 minutes pour vaquer à des obligations personnelles. La pause étant prévue par la loi, elle n’est en principe pas rémunérée. En revanche, si elle remplit des critères d’un temps de travail effectif, elle doit être rémunérée. C’est par exemple le cas si l’employeur demande, pendant le temps de pause, de veiller à la réception d’un fax, à un appel téléphonique, ou au fonctionnement d’une machine. C’est également le cas si le salarié peut être appelé à reprendre son poste à tout moment en cas d’urgence. Outre cette pause, il y a la pause repas qui, selon la convention collective ou l’usage professionnel, peut varier de 30 minutes à 2 heures et est souvent très différente d’une entreprise à l’autre. Pour la pause café, le salarié peut bien évidemment consommer un café pendant cette pause, mais il ne peut le faire en quittant l’entreprise pour aller le consommer dans l’établissement de son choix situé en dehors de l’entreprise. Ce principe ne s’applique bien évidemment pas à la pause repas où il peut choisir entre avaler son encas à son poste de travail, sur les lieux, à la cantine ou à l’extérieur. Mais, attention : des pauses répétées et excessives peuvent être considérées comme des absences non justifiées, voire comme un abandon de poste. La sanction, si l’abus est incontestable et caractérisé, peut aller de l’avertissement à la mise à pied, mais également jusqu’au licenciement.

 Notis©2013

Illustration: « Out to Lunch! » Eric Dolphy (Blue Note BLP 4163)