Dans le cadre de la visite officielle du 28 au 30 novembre 2014 en Turquie, le Pape François a salué le gouvernement de ce pays pour l’accueil des deux millions de réfugiés syriens, en rappelant «l’obligation morale» de la communauté internationale. S’exprimant dans le vaste auditorium du palais présidentiel, le Pape a aussi présenté des solutions pour lutter efficacement contre le terrorisme religieux. Dans son discours prononcé dès le premier jour de sa visite, il a dit que « les interventions militaires ont une courte portée ». Extrait.

« (…) Nous avons besoin d’un dialogue qui approfondisse la connaissance et valorise avec discernement les nombreuses choses qui nous unissent, et en même temps nous permette de considérer les différences avec un esprit sage et serein, pour pouvoir aussi en tirer un enseignement.
Il faut poursuivre avec patience l’engagement à construire une paix solide, fondée sur le respect des droits fondamentaux et des devoirs liés à la dignité de l’homme. De cette manière, les préjugés et les fausses craintes peuvent se dépasser et s’ouvre au contraire un espace à l’estime, à la rencontre, au développement des énergies les meilleures au bénéfice de tous (…).
Pendant combien de temps le Moyen-Orient devra-t-il encore souffrir du manque de paix ? Nous ne pouvons pas nous résigner à la continuation des conflits comme si une amélioration de la situation n’était pas possible ! Avec l’aide de Dieu, nous pouvons et nous devons toujours renouveler le courage de la paix ! Cette attitude conduit à utiliser avec loyauté, patience et détermination tous les moyens de négociation, et à atteindre ainsi des objectifs concrets de paix et de développement durable.
Pour atteindre un objectif si haut et urgent, une contribution importante peut venir du dialogue interreligieux et interculturel, de manière à bannir toute forme de fondamentalisme et de terrorisme, qui humilie gravement la dignité de tous les hommes et instrumentalise la religion.
Il faut opposer au fanatisme et au fondamentalisme, aux phobies irrationnelles qui encouragent incompréhensions et discriminations, la solidarité de tous les croyants, ayant pour piliers le respect de la vie humaine, de la liberté religieuse qui est liberté de culte et liberté de vivre selon l’éthique religieuse, l’effort de garantir à tous le nécessaire pour une vie digne, et la protection de l’environnement naturel. C’est de cela qu’ont besoin, avec une urgence particulière, les peuples et les États du Moyen-Orient, pour pouvoir finalement « inverser la tendance » et poursuivre avec succès un processus de pacification par le rejet de la guerre et de la violence, ainsi que par la recherche du dialogue, du droit et de la justice.
Jusqu’à aujourd’hui, en effet, nous sommes malheureusement encore témoins de graves conflits. En Syrie et en Irak, en particulier, la violence terroriste ne semble pas s’apaiser. On enregistre la violation des lois humanitaires les plus élémentaires à l’encontre des prisonniers et de groupes ethniques entiers ; il y a eu, et ont lieu encore, de graves persécutions aux dépens de groupes minoritaires, spécialement – mais pas seulement –, les chrétiens et les yazidis : des centaines de milliers de personnes ont été contraintes à abandonner leurs maisons et leur patrie pour pouvoir sauver leur vie et rester fidèles à leur credo.
La Turquie, en accueillant généreusement un grand nombre de réfugiés, est directement impliquée à ses frontières par les effets de cette dramatique situation, et la communauté internationale a l’obligation morale de l’aider à prendre soin des réfugiés. Avec la nécessaire assistance humanitaire, on ne peut pas rester indifférent face à ce qui a provoqué ces tragédies. En répétant qu’il est licite d’arrêter l’injuste agresseur, cependant toujours dans le respect du droit international, je veux aussi rappeler qu’on ne peut confier la résolution du problème à la seule réponse militaire.
Un engagement commun fort, fondé sur la confiance réciproque, est nécessaire, qui rende possible une paix durable et permette de destiner finalement les ressources, non aux armements, mais aux vraies luttes dignes de l’homme : contre la faim et les maladies, pour le développement durable et la sauvegarde de la création, au secours de nombreuses formes de pauvreté et de marginalité qui ne manquent pas dans le monde moderne (…)».

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