Les poubelles étaient pleines de cartes de membre rouge et or du Parti communiste, brûlant joyeusement sous le soleil de la fin de l’été alors qu’elles se dissolvaient en cendres grises.

J’ai donc conduit ma Volvo rouge à travers la ville libérée, beaucoup plus vite que d’habitude, affichant fièrement la plaque d’immatriculation jaune spéciale (avec son ‘K’ pour ‘Korrespondent’ et son ‘001’ pour la Grande-Bretagne, première nation) qui avait jusque-là a simplement fait de moi une cible pour les chasseurs de pots-de-vin et les flics officieux qui m’ont empêché d’aller pique-niquer dans les bois bourrés de missiles à l’extérieur de la ville.

Quelques jours plus tôt, j’étais plongé dans la plus abjecte tristesse. Le communisme, après une longue retraite, avait riposté. Le dirigeant soviétique réformateur, Mikhaïl Gorbatchev, avait été kidnappé dans sa maison de vacances de Crimée. Des chars, des barils inclinés et des chenilles écrasant la surface en poussière, sont descendus en grondant dans ma majestueuse rue de Moscou dans la lumière du petit matin.

Ce n’était pas une ancienne actualité. J’étais là, et ça se déroulait devant moi en couleur. Mon bloc d’appartements, soit disant d’élite, que je partageais illégalement avec des dizaines de vieux staliniens, d’hommes du KGB et de loyalistes du Kremlin, a explosé dans l’exultation alors que se déroulait ce « sale » putsch.

Des voisins que je considérais auparavant comme de gentils vieux retraités se raidirent le dos, grandirent de plusieurs centimètres, enfilèrent des brassards cramoisis et installèrent un stand de propagande dans le hall. L’horrible chose que j’avais cru mourir revenait à la vie.