Un rapport de l’agence de santé des Nations Unies a constaté l’usage nocif de l’alcool – consommation préjudiciable pour la santé non seulement du buveur, mais aussi  des voisins et la société en général – a conduit à 3,3 millions de décès dans le monde en 2012. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la consommation d’alcool peut non seulement entraîner une dépendance, mais aussi augmenter le risque de développer plus de 200 autres maladies, y compris la cirrhose du foie, les maladies infectieuses (tuberculose, pneumonie…) et certains cancers.

Un décès toutes les 10 secondes

Maladies infectieuses, accidents de la circulation, blessures, homicides, maladies cardiovasculaires, diabètes… 5,9 % des décès dans le monde (7,6 % chez les hommes et 4 % chez les femmes) sont liés à l’alcool chaque année. «Cela signifie un décès toutes les 10 secondes», a déclaré le Dr Shekhar Saxena, directeur du département Santé mentale et abus de substances psychoactives à l’OMS.

En une année, l’usage nocif de l’alcool a tué 3,3 millions de personnes dans le monde, contre 2,5 millions dix ans avant, mais l’OMS relève que les deux chiffres ne sont pas réellement comparables car la méthodologie de calcul a varié tout comme la population mondiale et la répartition des causes de mortalité. Néanmoins, l’OMS déplore le manque d’action des autorités durant cette période, notamment en matière de prévention.

« L’émergence » asiatique

La situation devrait empirer à mesure que des pays fortement peuplés voient leur niveau de vie augmenter.

Car si les pays riches (Amériques et Europe) restent les plus gros consommateurs d’alcool, la consommation a surtout augmenté ces dernières années en Inde et en Chine tandis qu’elle est restée stable dans les pays des Amériques, d’Europe et d’Afrique.

L’OMS s’attend ainsi à ce que la consommation annuelle d’alcool en Chine augmente d’ici à 2025 de 1,5 litre par personne.

D’après le rapport, en 2010, les plus gros consommateurs d’alcool étaient la Russie, les pays d’Europe de l’Est, le Portugal, suivi de la majorité des pays de l’UE, du Canada, de l’Australie et de l’Afrique du Sud. En 2012, la consommation mondiale équivalait à 6,2 litres d’alcool pur par personne âgée de plus de 15 ans.

Mais si l’on prend en compte, le fait que la moitié de la population dans le monde n’a pas bu d’alcool durant les derniers 12 mois, cela signifie que la consommation mondiale parmi les buveurs a atteint «17 litres d’alcool pur, l’équivalent de 45 bouteilles de whisky, ou 150 bouteilles de vin, ou plus d’un millier de canettes de bière», a alerté M. Saxena.

Les chiffres noirs

Un quart de la consommation d’alcool échappe au contrôle des autorités, mais ce taux est bien plus élevé dans les pays où la consommation d’alcool est interdite ou mal vue par la société, comme dans les pays de la Méditerranée orientale ou dans les pays d’Asie du sud-est. Or l’alcool produit illégalement présente de nombreux dangers pour la santé en raison de sa toxicité, selon les experts.

La moitié de la consommation officielle d’alcool dans le monde se fait sous forme de spiritueux, suivi par la bière (34,8 %) et le vin (8 %).

Selon l’OMS, 48 % de la population mondiale n’a jamais bu d’alcool, et l’abstinence est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.

Par ailleurs, 11,7 % des 15 à 19 ans pratiquent des beuveries épisodiques, contre 7,5 % pour le reste de la population. L’OMS est particulièrement inquiète face à l’augmentation de ces «bitures express», en particulier dans les pays riches, que les experts définissent comme l’ingestion de plus de 4 shots de vodka sur une courte période de temps.

Malgré tout, l’OMS refuse de faire des recommandations sur un seuil de consommation d’alcool acceptable. Tout dépend des modes de consommation et de l’état de santé de chacun. Pour M. Saxena, une consommation modérée peut être bénéfique sur le plan cardio-vasculaire chez certaines personnes, mais les dommages infligés par l’alcool de manière générale à la santé sont beaucoup plus importants.

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