Quelques années plus tard, François Mitterrand verra sa bienveillance envers Bernard Tapie récompensée. Au congrès de Rennes du PS, en 1990, ses héritiers se sont déchirés entre fabiusiens et jospinistes, avec comme conséquence l’accession de Michel Rocard au poste de premier secrétaire. L’Élysée va alors torpiller la liste PS aux européennes de 1994 en favorisant celle conduite par Bernard Tapie, qui, l’année précédente, a rejoint les radicaux de gauche puis a été réélu député dans une autre circonscription (Gardanne). Les radicaux obtiennent à cette occasion leur meilleur score national : 12 % des suffrages exprimés, ayant siphonné la liste PS (14,5 %). En conséquence, Michel Rocard ne sera pas le candidat du PS à la présidentielle de 1995.

Face à Jean-Marie Le Pen

Le second homme qui va marquer la carrière politique de Bernard Tapie est Jean-Marie Le Pen. D’emblée, le premier va désigner le second comme son adversaire. Le second sera estomaqué par le premier. « Moi vivant, Jean-Marie Le Pen ne sera jamais maire de Marseille », martèle Bernard Tapie à la télévision, dans l’entre-deux tours de la présidentielle de 1988. Une phrase qui marque son entrée en politique.

Entre ces deux « grandes gueules », si éloignées et si proches, les duels seront presque physiques. « Si Le Pen est un salaud, ceux qui votent pour lui sont des salauds », ira jusqu’à lancer à la tribune d’une réunion publique celui que l’émission satirique « Bébête show » a affublé de la marionnette d’un taureau dénommé « Tapie Violent ». En 1992, toutefois, les listes de la majorité présidentielle portées par Bernard Tapie n’arrivent qu’en troisième position sur l’ensemble de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, derrière celles de Jean-Marie Le Pen, à l’extrême droite, et de Jean-Claude Gaudin, à droite. Même si, dans le département des Bouches-du-Rhône, le président de l’OM parvient à devancer le maire de Marseille.