La très dure réalité de nombreux enfants dans le monde a été actée par la législation Bolivienne. Votée par le Parlement puis promulguée par le gouvernement Bolivien, cette loi baisse l’âge légal de travailler de 14 ans à 10 ans. « Nous avons promulgué une loi qui a été difficile à rédiger parce qu’il y avait un ensemble de conventions internationales que l’État a signées en faveur des droits des enfants, mais il existe une réalité bolivienne », a justifié le vice-Président de la République Alvaro Garcia.

La Réalité du terrain

child-laborLa réalité dont parle le vice-président Bolivien, c’est celle de la pauvreté à laquelle doivent faire face les familles. La Bolivie est le pays le plus pauvre d’Amérique latine, l’extrême pauvreté – c’est-à-dire les personnes qui vivent avec moins de 1,25 dollar par jour – touche 20 % de la population. Conséquence directe de cette misère : d’après les derniers chiffres publiés en 2012 par l’Unicef, 850 000 enfants âgés de 7 à 15 ans, soit 15% de la population active du pays, travaillent pour subvenir à leurs besoins et aider leur famille à s’en sortir.

La loi d’abaisser l’âge légal de travailler fait partie du plan gouvernemental de réduction de la pauvreté. Le sénateur Adolfo Mendoza, l’un des défenseurs acharnés du projet de loi a dit: «Le travail des enfants est quelque chose qui est ancré dans la culture bolivienne et il est difficile de le combattre. Plutôt que de persécuter les gens, nous voulons protéger les droits et garantir la sécurité du travail des enfants ».

Un dispositif contestable

L’entrée en vigueur de cette loi signifie que les enfants vivant en Bolivie, dès l’âge de 10 ans, peuvent désormais travailler à leur propre compte, s’ils sont encadrés par leur famille et continuent d’aller à l’école. La loi autorise aussi les enfants âgés de 12 à 14 ans à être employés par un tiers avec une durée de travail réduite de 8 à 6 heures par jour, et ce s’ils ont l’autorisation de leurs parents et des instances telles que la Défense de l’enfance. Pour les adolescents âgés de 14 à 18 ans, la nouvelle loi donne accès à tous les droits du travail, dont le salaire minimum qui s’élève à 207 dollars (150 euros environ).

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Le texte va à l’encontre de la Convention 138 de l’Organisation internationale du travail, signée par la Bolivie en 1997, qui fixe l’âge minimum de travail à 14 ans dans les pays en développement. Mais il va aussi à l’encontre de la loi nationale bolivienne qui, depuis 2001, interdit le travail des moins de 14 ans ; une interdiction confirmée par la Constitution bolivienne mise en place en 2009 par l’actuel président Evo Morales.

childwork2Jo Becker, directeur des droits de la défense des enfants chez « Human Rights Watch », a qualifié la loi bolivienne de « décision de courte vue » et non une solution aux difficultés économiques du peuple bolivien. « La mesure de la Bolivie est en décalage avec le reste du monde. Le travail des enfants peut être considéré comme une solution à court terme aux difficultés économiques. Il s’agit en fait d’une cause de la pauvreté », a-t-il dit. Selon lui, la Bolivie devrait plutôt s’investir dans d’autres moyens pour essayer de faire sortir les familles les plus pauvres de la pauvreté.

L’éradication du travail des enfants dans le monde, en général, et en Amérique du Sud, en particulier, a beaucoup progressé au cours des 14 dernières années. Selon l’Organisation internationale du Travail, le travail des enfants a été réduit d’un tiers depuis 2000 et entre 2008 et 2012, le travail des enfants en Amérique latine et dans les Caraïbes a chuté de près de 2 millions.  «La nouvelle loi va à l’encontre du courant régionale», a dit Carmen Moreno, fonctionnaire de l’Organisation internationale du Travail.

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