Selon « la plus importante collecte de données jamais effectuée », plus d’une fille sur dix dans le monde subi un viol ou une agression sexuelle avant d’atteindre l’âge de 20 ans.

Sur les 120 millions de jeunes filles victimes de violences sexuelles dans le monde, les plus exposées à ces violences se trouvent en Afrique subsaharienne.

C’est le sombre tableau que dresse un rapport de l’Unicef consacré aux violences subies par les enfants de 190 pays, intitulé « Violences cachées : statistique et analyse des violences faites aux enfants ».

Violence conjugale

30% des adolescentes âgées de 15 et 19 ans et qui sont en couple ont été victimes de violences émotionnelles, physiques ou sexuelles commises par leur mari ou leur partenaire. Cette violence conjugale est particulièrement répandue en République Démocratique du Congo et en Guinée équatoriale, en Ouganda, en Tanzanie ou au Zimbabwe.

Tout aussi inquiétant : la moitié des femmes de 15 à 19 ans interrogées pour l’enquête pensent qu’il est parfois justifié qu’un mari ou un partenaire frappe ou batte sa femme. Cette proportion est plus importante chez les femmes que chez les hommes dans les pays qui possèdent des données sur les deux sexes.

Cyber-victimisation

Même s’ils en sont moins victimes que les filles, les garçons « sont également en position de risque », rappelle l’Unicef, qui ne dispose toutefois pas d’estimation mondiale à « cause de l’absence de données comparables dans la plupart des pays ».

Pour les deux sexes, la forme d’agression sexuelle la plus courante est la cyber-victimisation. Le processus est les suivant : les enfants ou adolescents sont harcelés de façon virtuelle, et les proches ne sont d’aucune aide, voire tiennent des discours moralisateurs qui tendent à isoler davantage la victime.

Homicides d’enfants

Comme pour les violences sexuelles, les homicides touchent les enfants de manière inégale selon les régions du monde. Sur les plus de 95. 000 enfants victimes d’homicides par an, la grande majorité (85.000) vivrait dans des pays à faible revenu ou intermédiaire. Le rapport cite en particulier l’Amérique latine et les Caraïbes, avec 25.400 homicides recensés, ainsi que l’Afrique de l’Ouest et centrale (23.400) et l’Afrique de l’est et australe (15.000).

Les homicides sont les principales causes de décès chez les garçons et les adolescents âgés de 10 à 19 ans dans sept pays d’Amérique latine. C’est au Nigeria que les homicides d’enfants ont été les plus nombreux, avec 15.000 décès recensés.

Si l’on s’en tient aux pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, les Etats-Unis comptent le plus grand nombre d’homicides chez les moins de 20 ans.

Banalisation

La violence se glisse dans tous les lieux et dans tous les milieux, quelle que soit la catégorie socio-professionnelle des parents ou leur pratique religieuse, précise le directeur exécutif de l’Unicef Anthony Lake. Elle s’immisce notamment dans les lieux où on l’attend le moins. Le rapport souligne ainsi la prévalence des violences subies au domicile familial : 6 enfants sur 10 âgés de 2 à 14 ans (soit près d’un milliard) subissent des châtiments corporels infligés par les personnes qui s’occupent d’eux.

Alors que certains pays punissent pénalement la fessée, d’autres cautionnent, voire encouragent ces pratiques. Dans certains pays ces violences sont tolérées socialement et les victimes, trop apeurées pour en parler, explique le rapport.

Enfin, un enfant sur trois dit avoir régulièrement subi des techniques d’intimidation à l’école. Entre eux, la violence règne aussi.

Les violences subies par un enfant peuvent avoir de graves conséquences sur l’adulte qu’il deviendra. Ce genre de drame peut « laisser d’importantes séquelles », explique le rapport. Un constat d’autant plus inquiétant que ces données ne représentent qu’une « estimation minimale du problème », car elles ne proviennent que de personnes ayant accepté de s’exprimer.

Notis©20142023