L’ancien chancelier allemand (de 1982 à 1998) Helmut Kohl, l’architecte de la réunification de l’Allemagne, est décédé le 16 juin 2017, à l’âge de 87 ans, a déclaré son parti, le CDU. Dans un communiqué sur son compte tweeter, le parti de l’Union démocratique chrétienne a écrit « Nous pleurons », avec une image de l’ancien chancelier.
La chancelière Angela Merkel a déclaré que Kohl était là lorsque les vents du changement ont commencé à balayer l’Europe de l’Est dans les années 1980. « Nous lui sommes tous reconnaissants pour ce qu’il a réalisé pendant de nombreuses années. Il a servi les Allemands et notre pays. Il vivra dans nos souvenirs en tant que grand Européen et le chancelier de notre réunification. Je m’incline devant son héritage ».
Le bâtisseur
Kohl a introduit l’Allemagne de l’Ouest dans la prospérité économique durable. Mais il avait aussi à cœur de mettre l’Allemagne de l’Est au centre de ses préoccupations. C’est ainsi qu’après la chute du mur de Berlin en 1989, Kohl a pris un énorme risque politique et personnel en favorisant une réunification rapide de l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest.
Cette réunification rendra l’ex RDA encore plus pauvre. En effet, ce choix politique conduira à l’effondrement de la machine industrielle est-allemande: les habitants de l’ex RDA plongent brutalement dans le chômage, se sentent traités en « citoyens de deuxième classe » et… se mettent à le détester.
Malgré ces critiques, Helmut Kohl est entré dans l’Histoire comme « le chancelier de la réunification », mais aussi un pionnier de l’union européenne (UE). L’UE symbolisée par la monnaie unique est l’aboutissement de son action politique: après avoir permis à l’Allemagne de retrouver sa souveraineté, sans la moindre violence, il veut être celui qui va la réintégrer dans le concert des nations européennes pour consolider la paix.
Kohl va donc imposer l’euro à un pays qui voit dans le deutsche mark le secret de sa réussite économique. Pour faire passer la pilule auprès de ses compatriotes – et contre des Français qui souhaitent la mise en place d’un gouvernement économique – il impose les fameux critères d’austérité de Maastricht, dénoncés aujourd’hui comme le carcan entretenant la crise dans les pays du Sud de l’Europe.
L’effondrement
Battu par Gerhard Schröder (SPD) en 1998, Kohl trébucha sur « l’affaire des caisses noires » à la CDU – des pots de vin de plusieurs millions de marks d’origine douteuse sur lesquels il refusera toujours de livrer la moindre explication.
La façade politique du grand homme se fissure. Très éprouvée par le scandale, et souffrant d’une allergie à la lumière, sa femme, Hannelore Kohl se suicide en 2001. Il va ensuite perdre le contact avec ses fils. L’un d’eux a relaté dans une autobiographie à quel point il fut un père absent, égoïste, obsédé par le pouvoir (« sa seule famille était la CDU »).
Remarié en 2008, Kohl finira sa vie tristement. Malade, il ne pouvait presque plus parler et ne recevait plus personne dans sa maison d’Oggersheim – sa deuxième femme ayant rompu avec la plupart de ses amis, congédiant même son chauffeur « Ecki » qui l’avait accompagné durant plus de quarante ans.