Kohl va donc imposer l’euro à un pays qui voit dans le deutsche mark le secret de sa réussite économique. Pour faire passer la pilule auprès de ses compatriotes – et contre des Français qui souhaitent la mise en place d’un gouvernement économique – il impose les fameux critères d’austérité de Maastricht, dénoncés aujourd’hui comme le carcan entretenant la crise dans les pays du Sud de l’Europe.

L’effondrement

Battu par Gerhard Schröder (SPD) en 1998, Kohl trébucha sur « l’affaire des caisses noires » à la CDU – des pots de vin de plusieurs millions de marks d’origine douteuse sur lesquels il refusera toujours de livrer la moindre explication.

La façade politique du grand homme se fissure. Très éprouvée par le scandale, et souffrant d’une allergie à la lumière, sa femme, Hannelore Kohl se suicide en 2001. Il va ensuite perdre le contact avec ses fils. L’un d’eux a relaté dans une autobiographie à quel point il fut un père absent, égoïste, obsédé par le pouvoir (« sa seule famille était la CDU »).

Remarié en 2008, Kohl finira sa vie tristement. Malade, il ne pouvait presque plus parler et ne recevait plus personne dans sa maison d’Oggersheim – sa deuxième femme ayant rompu avec la plupart de ses amis, congédiant même son chauffeur « Ecki » qui l’avait accompagné durant plus de quarante ans.

L’Histoire décidera plus tard de la place à accorder à ce chef d’état qui a su gérer des événements hors du commun. Helmut Kohl, lui, se plaisait en tout cas à ironiser sur le nombre des rues et des écoles qui porteraient bientôt son nom en Allemagne.