Dans « la plus grande démocratie du monde », l’Inde, Narendra Modi a lui aussi embrassé le « culte du leader fort », dans la mesure où, contrairement à aucun de ses prédécesseurs, il a fait porter son nom à des stades et autres monuments publiques. Les Indiens vaccinés contre la Covid-19 ont reçu un certificat avec le portrait de Modi dessus.

L’économiste et lauréat du prix Nobel, Amartya Sen, exilé aux états unis d’Amérique, a affirmé que ses amis en Inde hésitaient même à critiquer le gouvernement au téléphone : « Les gens ont peur, je n’ai jamais vu ça auparavant. »

Ici encore, Gideon Rachman, est admirablement franc sur sa propre erreur de jugement, ayant vu ce célibat hindou comme « rafraîchissant » et « revigorant », citant ses propres colonnes effusives lorsque Modi s’est présenté pour la première fois « avec un peu d’embarras ». Mais le grand reporter n’était pas le seul, loin de là, à cet optimisme naïf.

L’une des raisons de cette erreur de jugement caractérisé est que ces personnages fraichement élus comprennent bien le genre de bruits que les dirigeants occidentaux et les experts en politique étrangère veulent entendre – et le font dûment et bien.

Lorsqu’il a succédé à Eltsine, Vladimir Poutine a promis de « protéger la liberté d’expression, la liberté de conscience, la liberté des médias, les droits de propriété… Bref, ces éléments fondamentaux d’une société civilisée ». En fait il a toujours été habité par l’esprit de suspicion, de mépris et de répression qui caractérise les ambitions surdimensionnées d’un petit agent du KGB.