Yeonmi Park, qui a quitté la Corée du Nord dans son enfance, victime de la traitement inhumains et dégradant, écrit dans un livre qu’elle a « échappé à l’enfer » en Asie pour arriver aux États-Unis et trouver un autre type d’enfer.
Dans une autobiographie intitulée « While Time Remains », Madame Park écrit qu’elle a été choquée de voir et entendre ses camarades étudiants revendiquer le statut de victime : « Ils sont nés, ont grandi et vivent à Manhattan (New York), dans le pays le plus libre que vous puissiez imaginer, et ils disent qu’ils sont opprimés ? Cela dépasse l’entendement ! Que devrais-je dire, moi qui a été vendue à 200 dollars comme esclave sexuelle dans ce 21ème siècle…».

Selon la nord-coréenne d’origine, une révolution culturelle serait imminente et nécessaire pour sauver la liberté et préserver la dignité.
L’obscurité
Faire tout ce qu’elle peut (écrire et manifester) pour aider les Etas unis d’Amérique à sortir de la spirale de la violence sous toutes ses formes est devenu un objectif prioritaire pour la l’écrivaine et désormais militante des droits de l’homme, née à Hyesan, en Corée du Nord, et qui a grandi sous la dictature du guide suprême, Kim Jong-Il.
« Je pensais que Kim Jong Il était un dieu qui pouvait lire dans mes pensées. Je pensais que son esprit ne mourait jamais et je n’ai jamais pensé qu’il était un être humain normal. »
On estime que 3,5 millions de Nord-Coréens sont morts de faim au cours des cinq premières années de son règne.

Park se souvint d’avoir cherché des cafards à manger sur le chemin de l’école, qualifiant les conditions de vie « incroyablement sombres ». Le régime de Kim aurait interdit l’usage des mots comme « famine » et « faim ».
« L’obscurité à Hyesan est totale », écrit Park dans « While Time Remains » : « Ce n’est pas seulement l’absence de lumière, d’électricité et de nourriture. C’est l’absence de dignité, de sanctuaire et d’espoir. L’obscurité à Hyesan, c’est… regarder vos parents et vos voisins emmenés par la police pour le crime d’avoir ramasser des insectes et des plantes pour nourrir leurs enfants ».
La famille de la jeune fille finalement s’est enfui de cette « obscurité totale » après que son père ait été arrêté et condamné aux travaux forcés pour avoir vendu du poisson, du sucre et des métaux pour joindre les deux bouts.
« Je ne me suis pas échappé en quête de liberté ou de sécurité. Je me suis échappée à la recherche d’un bol de riz », écrit-elle.
Park et sa mère ont finalement prit la fuite la Corée du Nord à 13 ans après celle de sa sœur. Les femmes ont été obligées de traverser le fleuve Yalu pour se rendre en Chine où elles se sont finalement retrouvées entre les mains de trafiquants de tout genre qui l’ont vendues comme esclaves sexuelles.
Park s’est finalement enfuie, traversant le désert de Gobi jusqu’en Mongolie. Elle s’est ensuite rendue en Corée du Sud et a obtenu la citoyenneté de ce pays.
La propagande
Yeonmi Park fait partie des près de 200 Nord-Coréens vivant aux États-Unis. En 2022, elle est officiellement devenue citoyenne américaine en 2022, après huit ans d’exil avec sa famille aux États-Unis.
Depuis qu’elle a fui la Corée du Nord en 2007, la femme est devenue une cible pour Pyongyang. Elle a été censurée dans son pays natal, qualifiée de « champignon vénéneux » et de « marionnette de propagande des droits de l’homme ». Elle a répondu à ces déclarations en se disant heureuse que le régime de Kim « se sente menacé ».
Mais, désormais, le combat de l’écrivaine a également pour cible son nouveau pays d’adoption. Trois ans après avoir obtenu un diplôme en droits de l’homme de l’Université de Columbia, la jeune femme écrit qu’elle a trouvé des signaux similaires concernant les États-Unis.
« J’ai échappé à l’enfer sur terre et j’ai traversé le désert à la recherche de la liberté, et je l’ai trouvée », écrit Park dans son livre. « Je ne veux pas que quelque chose de mal arrive à ma nouvelle maison … Je veux que nous ayons besoin de tous pour garder l’obscurité à distance ».
Park pense que la situation est plus grave qu’il n’y paraît, voilà pourquoi elle lance le message suivant : « J’ai besoin de votre aide pour sauver notre pays, tant qu’il reste du temps ».
Ce n’est pas la première fois que la militante partage ses convictions concernant cette politique d’endormissement et de bâillonnement des consciences éveillées.
L’endoctrinement
Dans un livre sorti en 2015, son premier roman, Park a comparé l’environnement de l’Université de Columbia à celui de la Corée du Nord. Elle y décrit l’école comme un «pur camp d’endoctrinement». Elle pensait qu’elle allait apprendre à penser de manière critique, mais qu’elle était plutôt «forcée de penser» d’une certaine manière. Selon elle, la plupart des étudiants de l’université d’élite subissent un « lavage de cerveau comme les étudiants nord-coréens ».
« Je n’ai jamais compris que ne pas avoir de problème pouvait être un problème », écrit Park. « L’établissement (le pouvoir) crée une injustice à partir de rien ou un problème de nulle part, car ils (les hommes politiques) n’ont rien vécu, comparativement aux problèmes existentiels auxquels d’autres personnes sont confrontées ailleurs dans le monde », a-t-elle expliqué.
La transfuge de la Corée du Nord dénonce « l’essentialisme racial » et « la politique identitaire » aux États-Unis qui l’inquiètent beaucoup.
En Corée du Nord, les citoyens sont divisés et les classes sont déterminées par le sang « entaché » ou non par les faits et gestes commis par leurs ancêtres. Bien que les États-Unis ne fassent pas exactement comme la Corée du Nord, il existe cependant des similitudes. « C’est ainsi que le régime américain a divisé et continue de diviser les gens. Ce qu’un individu fait n’a pas d’importance. Il doit porter le poids des actes de ses ancêtres et assumer cette responsabilité collective. C’est la tactique utilisée par le régime nord-coréen pour diviser les gens. En Amérique, c’est la même idée de culpabilité collective. C’est cette idéologie, qui a conduit la Corée du Nord à être ce qu’elle est aujourd’hui, est entrain de s’implanter dans l’esprit des jeunes Américains ».
La révolution
Dans son nouveau livre, Yeonmi Park exhorte les Américains à réagir rapidement avant qu’il ne soit trop tard, mettant en garde contre ce qu’elle pense être une révolution culturelle imminente en raison du déni culturelle rampant.

«Bien sûr, en Amérique et ailleurs dans le monde soit disant civilisé, on ne met pas les gens devant un peloton d’exécution, mais les moyens de subsistance, la dignité, la réputation et les droits fondamentaux de ces derniers sont bafoués en permanence ».
« Lorsque nous disons aux gens de ne pas parler, nous censurons également leur façon de penser. Quand tu ne peux pas penser, tu es un esclave – une marionnette soumise au lavage de cerveau ».
«Toutes les institutions dominantes ont la même idéologie que la Corée du Nord: socialisme, collectivisme et équité. Nous traversons littéralement une révolution culturelle en Amérique et en occident. Quand on s’en rendra compte, il sera peut-être trop tard ».
Le père de Yeonmi Park est décédé peu de temps après avoir réussi à s’enfuir en Chine. Sa mort a incité sa fille à « entrer dans une vie différente : une vie consacrée aux droits de l’homme et à l’amélioration de la vie des personnes souffrant de la tyrannie ».
Une vie qui a un sens. Une vie qui rendrait son père fier.
Notis©2023
Par Sidney Usher
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