Les lois qui interdisent l’achat ou de la vente de sexe devraient être déclarées inconstitutionnelles et supprimées, car elles violent les principes fondamentaux des droits de l’homme, selon Amnesty International. Un document de connotation politique élaboré par l’organisme affirme, en effet, que les prostituées, les proxénètes, les hommes et femmes qui achètent des services sexuels sont tout simplement dans « l’exercice de leur liberté» et devraient être autorisés à le faire « sans ingérence des autorités publiques». Cette déclaration semble faire sortir Amnesty International de son domaine de prédilection, à savoir, des actions pour libérer les prisonniers politiques et des campagnes contre la torture à travers le monde.

La Trahison ?

Bien entendu, cette sortie d’un document encore sous les mentaux a immédiatement suscité une vague de protestation au sein même de l’organisation. Un ancien membre affirme que l’organisation est entrain de « perdre son terrain » de prédilection. Une féministe, sous le couvert de l’anonymat, accuse Amnesty de « trahir les droits des femmes (…) On ne peut résoudre les problèmes des femmes dans le monde en développement en les encourageant à être des prostituées. A qui profite la prostitution ? Aux hommes ! La prostitution est une forme d’exploitation et d’abus ; elle n’est pas l’expression de la liberté, ce n’est pas un choix !».

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Les arguments

Le document en question, intitulé « Dépénalisation du travail du sexe : Document de politique », précise: « Amnesty International est opposée à la criminalisation ou la répression des activités liées à l’achat ou la vente de sexe entre adultes consentants. La criminalisation des relations sexuelles entre adultes volontaires et consentants, quelle que soit la raison (le gain monétaire directe ou indirecte) constitue une menace pour les droits à la santé, la non-discrimination, l’égalité, la confidentialité et la sécurité de la personne humaine. »

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L’organisation internationale ajoute que les lois contre la prostitution portent atteinte au droit à « un travail rémunéré librement choisi » et que toutes les lois qui ciblent les hommes qui paient pour le sexe plongeraient les prostituées particulièrement vulnérables dans la «violence et l’abus». Amnesty encourage les autorités publiques à soutenir le droit des prostituées à la «liberté d’association» et la mise en place des maisons closes.

Les imperfections

Le document poursuit en disant : « Amnesty International croit savoir le contexte imparfait dans laquelle les individus choisissent de devenir des travailleurs du sexe (qui touchent plus les mineurs ou les travailleurs domestiques étrangers). Cependant, « les principes des droits de l’homme exigent que les décideurs écoutent et évaluent les voix de ceux qui sont directement touchés par les inégalités et la discrimination. Nous croyons que les gouvernements ne devraient pas s’enfermer dans le dogmatisme en criminalisant de façon systématique la prostitution. Une attention particulière devrait être portée sur les contextes dans lesquels les personnes concernées (sur)vivent ».

Un autre argument soulevé par le document est le fait que certaines personnes handicapées ont du mal à établir des relations sexuelles normales – et donc ont besoin de voir des prostituées pour leur équilibre moral.

Le processus de consultation

La proposition consignée dans le document a été élaborée au siège d’Amnesty International et sera discutée par ses membres à travers le monde entier. Elle devrait être annoncée dans le magazine d’Amnesty, qui est distribué à tous ses membres, avec un vote prévu en Avril prochain.

Un porte-parole d’Amnesty a déclaré: « Nous sommes conscients que le travail du sexe est une question très sensible. C’est pourquoi nous sommes en démarchage d’opinion et encourageons la discussion avec nos membres à travers le monde. Nous ne sommes qu’au début d’un vaste processus de consultation. »

Reste que ces révélations pourraient constituer un autres coup préjudiciable à l’image de l’organisme de bienfaisance, fondée dans les années 1960 et reconnue comme Le Groupe de lutte pour la libération des prisonniers politiques. De puis 2010, nombreux sont ceux-y compris ses membres-qui estiment qu’Amnesty internationale a perdu sa « boussole éthique et morale ».

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