Au terme d’une enquête, Amnesty International et Greenpeace réclament que soient jugés les responsables du déversement sauvage d’une cargaison de déchets toxiques à Abidjan, qui avait provoqué 17 morts et des milliers d’intoxications en 2006.
Dans la nuit du 19 au 20 août 2006, le cargo Probo Koala dispersait plus de 500.000 litres de résidus toxiques à Abidjan, la plus grande ville de Côte d’Ivoire. Selon les autorités ivoiriennes, les émanations de gaz mortels provoquées par ce déchargement sauvage ont causé la mort de 17 personnes et près de 100.000 intoxications. Six ans plus tard, justice n’a toujours pas été rendue, affirment Amnesty International et Greenpeace.
Dans un rapport de 250 pages, intitulé «Une vérité toxique», les deux ONG présentent les conclusions de leur enquête sur «la succession tragique des défaillances à l’origine d’un désastre sanitaire, politique et environnemental» en Côte d’Ivoire. Il en ressort que les victimes n’ont pas été entièrement indemnisées et que les responsables n’ont pas été punis.
En ligne de mire principale, la multinationale de courtage pétrolier et de transport maritime Trafigura, affréteur du Probo Koala. Pour les deux ONG, la société a pris «un grand nombre de décisions cruciales à l’origine du désastre». Cet été-là, les déchets, générés par le lavage à la soude caustique de gros volumes de pétrole non raffiné, ont dans un premier temps été acheminés aux Pays-Bas. Mais Trafigura, estimant que le tarif demandé par la société de traitement néerlandaise était trop élevé, a décidé d’expédier la cargaison sensible à Abidjan. Or la capitale économique ivoirienne ne disposait pas des installations nécessaires pour en éliminer la dangerosité.
«Criminalité d’entreprise»
En 2010, un tribunal néerlandais déclare la compagnie coupable d’avoir exporté illégalement les déchets depuis les Pays-Bas, en violation de la législation européenne sur l’importation et l’exportation de déchets dangereux. Mais le parquet refuse de prendre en considération les événements qui se sont déroulés par la suite, à Abidjan, comme leur impact sur la santé humaine. Conséquences que nie Trafigura.
Pour que les sociétés exerçant à l’international ne puissent pas se soustraire à leur responsabilité en cas d’atteintes aux droits humains et à l’environnement, Amnesty et Greenpeace émettent une série de recommandations. Les ONG réclament d’abord une enquête pénale au Royaume-Uni, où est basée la filiale de Trafigura qui a géré l’affaire du Probo Koala. Le rapport demande en outre à la Côte d’Ivoire de veiller à ce que les victimes soient entièrement indemnisées. La justice ivoirienne a en effet confirmé qu’une partie des fonds (200 millions d’euros) destinés à 31.000 victimes avait été détournée. Les autorités ivoiriennes doivent également réévaluer le caractère légal de l’accord conclu avec Trafigura en 2007, offrant à la société une très large immunité judiciaire dans le pays.
En espérant que ces mesures soient prises, «les victimes attendent toujours que justice leur soit rendue, et rien ne garantit que ce type de criminalité d’entreprise ne se reproduira plus», conclut Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.
(Le Figaro)
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