Dans « le Discours de la servitude volontaire», écrit au XVIe siècle, le philosophe Étienne La Boétie expliquait déjà que l’origine de la tyrannie ne réside pas dans la crainte du peuple, qui n’aurait d’autre choix que de se soumettre à un régime répressif permanent, mais bien dans la « servitude volontaire » du peuple.
Selon le Philosophe, en résumé, le pouvoir politique ne peut déployer le monopole de sa violence que dans la mesure où les individus ont la volonté constante de lui « tendre le bâton pour se faire battre ».
La subjugation individuelle
Chaque homme s’identifie au tyran et croit incarner le pouvoir par le biais de cette projection imaginaire. C’est ainsi le fantasme de ne faire qu’un avec celui qui exerce la domination qui explique la tendance à se soumettre de soi-même à un ordre marqué par l’oppression continuelle.
Ce fantasme devra être savamment entretenu par le tyran, en permanence soucieux de sa popularité et de sa capacité à subjuguer les foules. Il s’agira pour le pouvoir de maintenir son emprise sur le peuple en le rendant encore plus « aveugle ».
Le concept de servitude volontaire consiste donc dans l’analyse du pouvoir non du côté des éventuelles pulsions sadiques de ceux qui le possèdent, mais du côté de l’obéissance aveugle de ceux qui s’y plient. Une obéissance qui semble intériorisée et ancrée profondément dans le psychisme des individus.
Il n’est donc pas étonnant que Freud se soit, lui aussi, saisie du problème en étudiant les mécanismes inconscients de la domination.