Selon une étude réalisée par le Centre de recherche sur l’esclavage pratiqué par la Grande Bretagne, plusieurs familles célèbres dans le pays se sont enrichies du trafic d’êtres humains.
Cette recherche perspicace montre également comment cette pratique dégradante a profité à de nombreux autres aspects de la vie en Grande-Bretagne et son empire.
Les célébrités
Les princesses d’York, Beatrice et Eugenie, sont les descendantes d’un marchand d’esclaves de haute volée qui possédait plus de 1000 esclaves à travers les plantations des Caraïbes, selon le rapport réalisé par le LBS.Mme Barrantes, la mère de Sarah Ferguson, serait une descendante de Sir Henry Fitzherbert qui possédait des plantations de sucre en Jamaïque et à la Barbade, notamment.
Les chercheurs de la LBS ont le mérite d’avoir révélé le lien évidemment caché entre la famille royale et l’esclavage. Cependant, cette étude n’est pas la première en la matière. En effet, des travaux antérieurs ont montré que l’ancien Premier ministre Britannique, David Cameron et le célèbre auteur britannique, George Orwell, avaient, sont, eux aussi, des descendants qui ont bénéficié de la traite des êtres humains.
Même la grande romancière, Jane Austen, aurait profité de la manne générée par l’esclavage, à travers les grands esclavagistes, amis de sa famille, notamment un certain Thomas Hall – qui possédait trois plantations en Jamaïque.
Le Parlement Britannique a aboli l’esclavage en 1807, mais il a fallu attendre encore 26 ans pour que les esclaves recouvrent enfin effectivement la liberté. Ce n’est qu’en 1833 que l’esclavage a été effectivement aboli dans les Antilles britanniques, Maurice et le Cap. Des millions d’êtres humains ont ainsi retrouvé la dignité.
La prolongation
Cependant, même si -comparativement à d’autres empires esclavagistes- la Grande-Bretagne avait apparemment effectué des progrès significatifs dans la libération de millions d’innocents injustement arrachés aux siens, il n’en demeure pas moins que les anciens propriétaires d’esclaves ont bénéficié de largesse.
Ainsi, le gouvernement britannique a accordé 20 millions de £ ancien (environ 2 milliards € aujourd’hui) en compensation à des commerçants britanniques de la traite négrière qui avaient perdu leur « stock en êtres humains ».
Parmi les négriers qui ont reçu un tel remboursement, figure un parent de l’auteur éminent, George Orwell, qui a écrit « la ferme des animaux » et « dix-neuf cent quatre vingt quatre », des œuvres assez symptomatiques.
Le grand-père du romancier, Charles Blair, a également reçu une compensation équivalente à environ cinq millions d’euros aujourd’hui.
Les ancêtres de l’ex Premier ministre britannique, M. Cameron, ont également bénéficié de cette compensation. Parmi les parents du côté de son père, le général James Duff, un officier de l’armée a été largement rémunéré en argent pour la libération de ses 202 esclaves, en renonçant en 1833 à sa grange en Jamaïque.
La réparation
Le gouvernement britannique a fait face à de nombreux appels pour des réparations financières aux pays affecté par l’esclavage. Une exigence, jusque là rejetées par les gouvernements successifs. Ce refus de réparer le préjudice subi par les victimes de l’esclavage a été réitéré par l’ex premier ministre britannique, Cameron Brown, lors de sa visite officiel à la Jamaïque en septembre 2015. Devant des militants anti-esclavagistes, il a dit, en substance, qu’il était temps de «passer à autre chose».
Il a dit: «L’esclavage a été odieux. Mais, quand nous nous souvenons du passé, nous devons aussi nous rappeler du travail extraordinaire que la Grande-Bretagne a abattu afin de supprimer l’esclavage de la surface de notre planète ».
Enfin, il a ajouté: «Je ne pense pas que les réparations soit la réponse ».
L’héritage
L’étude du LBS montre comment le commerce des peuples venus d’Afrique a alimenté, non seulement des familles, mais également de nombreux autres aspects de la vie en Grande-Bretagne et son empire.
Par exemple, l’esclavage a permis la naissance et/ou le développement d’entreprises clés du secteur bancaire britannique : Lloyds, Royal Bank of Scotland et Barclays, notamment.
Sur le site LBS, il est écrit: «l’esclavage colonial fait partie intégrante de la Grande-Bretagne moderne. (…). Les propriétaires d’esclaves étaient un moyen très important par lequel les fruits de l’esclavage ont été transmis à la Grande-Bretagne métropolitaine ».

Les découvertes et analyses contenus dans la recherche du centre de recherche sur l’esclavage des Noirs constitue un merveilleux outil pour bien ou mieux comprendre l’étendue et les limites du rôle de l’esclavage dans l’histoire britannique. En claire, la traite négrière est un héritage durable qui parle encore.
Dr Nick Draper, le directeur du LBS, a exprimé le souhait que les Britanniques soient confrontés à la réalité inconfortable que leur pays a grandement profité de l’esclavage des peuples venus d’Afrique et ailleurs – plutôt que de célébrer le travail des abolitionnistes.
Commentant le rapport, il a dit: «Les historiens mettent toujours l’accent sur l’abolition de l’esclavage. En revanche, l’esclavage est toujours mis de côté ».
« Notre défi est de faire en sorte que la lecture de l’histoire de la révolution industrielle, l’histoire du 18ème siècle, l’histoire de l’empire britannique ne puisse se faire sans trébucher sur l’esclavage, afin d’avoir à l’affronter.»
Notis©2019
Par Sidney Usher