Il ne se passe désormais pas une semaine sans qu’un géant du high-tech annonce un investissement en Afrique. En début d’année, Intel lançait son smartphone Yolo au Kenya avec l’opérateur local Safaricom. Dans la foulée, Microsoft inaugurait son programme de formation « 4Afrika » et lançait dans le même temps un mobile avec Huawei à destination de pays tels que l’Angola, l’Égypte, la Côte d’Ivoire ou le Nigeria. Or, voici qu’IBM ouvre un centre de recherche sur le mobile au Ghana quand le français Gemalto a été choisi pour sécuriser les listes électorales au Bénin et au Gabon. De son côté, l’allemand SAP s’apprête à distinguer quelques pépites locales au Nigeria…

L’innovation vient des Africains

Alors que l’occident s’essouffle, l’Afrique se renouvelle et impressionne, surtout quand l’innovation vient des Africains eux-mêmes, quand ils transforment les contraintes du continent en opportunités. Ainsi du Kenyan Anthony Mutua, 24 ans, qui a mis au point une technologie qui transforme, grâce à une puce intégrée, le mouvement des baskets en énergie capable de recharger un téléphone portable via un port USB. « Le dispositif, garanti deux ans, peut être implémenté dans toutes les paires de chaussures. » Gadget ? Eric Schmidt, le président de Google et coauteur du récent The New Digital Age, n’a pu s’empêcher de saluer cette « innovation radicale ». Un signe de futurs investissements ? Ces dernières années, on a vu des innovations saluées dans le monde entier : comme le réseau social Ushahidi né en 2008 au Kenya qui s’appuie sur la participation des internautes en cas de crise, le système de paiement sur mobile M-Pesa développé au Kenya et en Tanzanie avant de partir à l’assaut du monde, ou encore des inventions de Kelvin Doe, un hacker de 15 ans de la Sierra Leone remarqué par le MIT. Dans tous ces derniers cas, l’Afrique a devancé l’Europe.

La génération Jugaad

Alors, pourquoi l’Afrique ? Parce que c’est, comme a priori plusieurs zones défavorisées dans le monde, le théâtre de l’innovation radicale. C’est notamment la thèse de l’ouvrage « L’innovation Jugaad. Redevenons ingénieux ! » (éditions Diateno), un ouvrage qui cartonne en ce moment aux États-Unis. Jugaad ? Ce mot hindi pourrait se traduire par « débrouillardise », ou encore la capacité à trouver des solutions ingénieuses lorsque les conditions autour de soi sont adverses, voire hostiles, le manque de raccordement à l’électricité, par exemple. L’ouvrage explique également que les « structures et processus industriels de l’après-guerre (système hiérarchique, recherche et développement centralisés) ne sont plus adaptés au monde complexe dans lequel nous vivons ». Et donc qu’il n’existe aucune fatalité, comme le prouve la multiplication actuelle des incubateurs africains, tels le Botswana Innovation Hub, iLab au Liberia ou encore IceAddis en Éthiopie. Une belle leçon d’optimisme.

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