Huit ans après la crise financière consécutive à l’éclatement de la bulle du crédit immobilier, l’économie mondiale continue de s’enfoncer dans l’abysse de la dette. En fait, plutôt que de réduire l’endettement ou avancer dans le désendettement, toutes les économies caracolent aujourd’hui à des niveaux les plus élevés de l’emprunt par rapport au PIB. En huit ans, la dette globale aurait augmenté de 57 milliards de dollars, un chiffre jamais atteint depuis 200 ans, selon le FMI. Dans son troisième rapport en la matière, l’institut de recherche McKinsey propose des solutions pour éradiquer ce nouveau danger qui risque de saper la croissance économique mondiale.

Dette publique

Depuis 2007, la dette publique a augmenté de 25 milliards de dollars. Selon les experts du « McKinsey Global Institute » (MGI), la dette publique va continuer à augmenter dans de nombreux pays, compte tenu des fondamentaux économiques actuels. Une partie de cette dette a été contractée -avec la bénédiction des dirigeants des grandes institutions- pour financer les sauvetages et les programmes de relance économique. La dette a également augmenté en raison de la récession et la faiblesse de la reprise. Pour les pays les plus lourdement endettés, le démarrage du processus de désendettement exigerait une croissance quasi miraculeuse du PIB ou des ajustements budgétaires radicales.

Pour réduire la dette publique, le MGI recommande aux pays concernés d’envisager de nouvelles approches, comme les ventes massives d’actifs, les taxes uniques sur la fortune et des programmes de restructuration plus efficaces de la dette.

Endettement des ménages

L’endettement des ménages a atteint de nouveaux sommets, surtout dans les pays développés. Dans ces pays, il n’y a que l’Irlande, l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis où les ménages ont entamé un processus de désendettement. Dans beaucoup d’autres pays, les ratios de la dette des ménages par rapport au revenu ont continué à augmenter. Ils dépassent aujourd’hui les niveaux de pointe dans les pays en crise avant 2008, dans certains cas, y compris les économies avancées comme l’Australie, le Canada, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas, ainsi que la Malaisie, la Corée du Sud et la Thaïlande.

Pour maîtriser la marée très élevé de l’endettement des ménages, les dirigeants seraient bien inspirés d’instaurer des contrats hypothécaires plus flexibles, des règles plus claires régissant la faillite personnelle, les normes de prêt plus strictes et des règles macroprudentielles.

Dette chinoise

La dette de la Chine a quadruplé depuis 2007. Alimentée par les prêts immobiliers et les crédits bancaires « non maîtrisées », la dette totale de la Chine a presque quadruplé, passant de 7 milliards de dollars en 2007 à 28 milliards de dollars, mi-2014. A 282% du PIB, la dette de la Chine est supérieure à celle des États-Unis ou de l’Allemagne.

Trois évolutions sont potentiellement inquiétantes:

*la moitié de tous les prêts sont liés, directement ou indirectement, à la surchauffe du marché immobilier de la Chine;

*le marché noir absorbe près de la moitié des nouveaux prêts;

*et la dette insoutenable de plusieurs instances locales.

Cependant, selon les estimations de MGI, le gouvernement central de la Chine a la capacité de renflouer le secteur financier en cas de crise de la dette. Mais le défi sera de contenir les augmentations futures de la dette et de réduire les risques d’une telle crise, sans mettre un frein sur la croissance économique.

Croissance économique

Les économies ont besoin de quantités toujours plus grandes de la dette, le désendettement est rare et de plus en plus difficile. Il faut donc apprendre à vivre en toute sécurité avec cette dette massive. Pour ce faire, le MGI préconise de nouvelles approches de gestion et de surveillance, afin de réduire le risque de crises et résoudre efficacement les défaillances du secteur privé.

Les décideurs doivent tenir compte de plusieurs moyens pour réduire la dette publique, et non se cantonner sur le levier fiscal. A ce sujet, il est temps que les gouvernements réalisent à quel point leur système d’imposition encourage l’accumulation de la dette. En outre lorsqu’apparaissent des signes de bulles de crédit, les régulateurs pourraient chercher à refroidir les marchés avec des mesures anticycliques, comme le resserrement des règles de prêt-à-valeur et les exigences de fonds propres plus élevées pour les banques.

La dette reste sans aucun doute un outil essentiel pour le financement de la croissance économique. Mais la façon dont elle est créée, utilisée, surveillée et (si nécessaire) allégée a encore besoin d’être améliorée, conclu le MGI.

Notis©2015

Sources:  “Debt and (not much) deleveraging