Lorsqu’on évoque Adam Smith (16 juin 1723 – 17 juillet 1790), « le père de l’économie politique »1, une référence s’impose immédiatement : la métaphore de la « main invisible », selon laquelle les individus en poursuivant leurs intérêts personnels concourent à la réalisation de l’intérêt général. L’économiste utilise cette métaphore pour illustrer le fait qu’en employant son capital au mieux2 chaque individu contribue -sans le savoir- va rendre le revenu de la société aussi grand que possible : « (…) en cela, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions »3.

Le contexte

La métaphore d’Adam Smith est tirée d’un passage très court de son oeuvre3. Dès lors, on peut s’étonner du succès qu’elle a rencontré auprès des commentateurs.

En fait, ce succès a deux raisons :

*d’une part, l’adéquation de la métaphore aux conceptions générales d’Adam Smith, particulièrement à sa foi dans le rôle régulateur des mécanismes de marchés et de la concurrence ;

*d’autre part, le développement ultérieur de la science économique qui s’est concentré sur l’étude de ces mêmes mécanismes.

La métaphore de la main invisible apparait pour la première fois dans un écrit de l’auteur sur la méthode philosophique (1758) et une deuxième fois dans la théorie des sentiments moraux (1759). Sans doute n’a-t-elle pas partout la même signification : dans l’écrit de 1758, il est question de la main invisible de Jupiter pour signifier l’incapacité de l’homme à comprendre tous les phénomènes auxquels le confronte la nature, tandis que, dans le second ouvrage, la main invisible s’identifie à la Providence et est liée au fait que les inégalités sociales peuvent avoir des conséquences positives, les plus pauvres bénéficiant des dépenses somptuaires des plus riches.