« Le défi auquel est confrontée une économie cacaoyère durable est celui de la consommation, qui appelle une transformation durable, elle-même fondée sur une production durable du cacao », a déclaré hier le président ivoirien Alassane Ouattara à l’ouverture de la première Conférence Mondiale dédiée à « l’or brun » qui s’est tenue à Abidjan.

C’est lors de sa 84ème session ordinaire tenue à Londres, Royaume‐Uni, et suite à une intervention sur la prolifération d’initiatives cacaoyères peu coordonnées, que le Conseil international du cacao, organe suprême de l’Organisation internationale du cacao (ICCO), a décidé d’organiser cette assise mondiale à Abidjan, la Côte d’Ivoire ayant généreusement proposé d’accueillir l’événement.

Les principaux acteurs de la filière cacao se sont donc retrouvés mardi dans la capitale économique Ivoirienne afin de coordonner les initiatives face à la croissance de la demande et aux périls qui planent sur les plantations. Plus de 1.200 participants, dont de nombreux industriels (négociants, chocolatiers) mais aussi des représentants des producteurs et des experts, se réunissent jusqu’à vendredi pour cette grand-messe organisée par l’Organisation internationale du cacao (ICCO) et la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial.

Selon l’ICCO, dont le siège est à Londres, le gotha de la filière doit s’entendre sur un « agenda mondial » et un plan d’action.

Les industriels s’inquiètent d’un possible déficit de l’offre par rapport à la demande dans les années à venir, ce qui pourrait faire bondir les cours, alors que l’appétit pour le chocolat reste fort en Europe et en Amérique du Nord – les deux plus grands débouchés – et ne cesse de s’aiguiser dans les pays émergents, Brésil, Inde et Chine en tête.

Cette « rencontre historique » est « devenue impérative car de lourdes menaces pèsent sur la durabilité du secteur mondial du cacao« , a affirmé le directeur exécutif de l’ICCO, Jean-Marc Anga.

« Si nous ne prenons pas les mesures qui s’imposent, dans quelques années le chocolat risque d’être un produit de luxe et nous entamerons un déclin du secteur cacaoyer qui pourrait durer sur plusieurs générations« , a-t-il alerté.

L’amélioration de la qualité et de la productivité, le vieillissement des vergers et la concurrence d’autres cultures comme l’hévéa et le palmier à huile, qui attirent de nombreux cultivateurs de cacao vivant dans la pauvreté, sont aussi de grands défis pour la filière.

La Côte d’Ivoire, qui a restauré cette année un système de prix garanti pour tenter de protéger ses producteurs, représente à elle seule 35,6% de la production mondiale de cacao avec 1,41 million de tonnes, sur les 3,962 millions de tonnes attendues pour la récolte 2011-2012, devant le Ghana (21,7%) et l’Indonésie (12,1%).

L’Afrique représente 70,3% de la production mondiale, devant l’Amérique latine (15,4%) et l’Asie-Océanie (14,3%).

Notamment affectée par un fort harmattan (vent très sec venant du Sahara) – qui a eu un fort impact sur les plantations ivoiriennes en début d’année -, la production mondiale devrait selon l’ICCO avoir reculé de 8,1% par rapport à la récolte record enregistrée en 2010-2011.

Du coup, les prix ont grimpé de 40% à Londres et New York, les deux places financières sur lesquelles le cacao est négocié, entre fin décembre 2011 et début septembre 2012, avant de perdre de leur élan ces deux derniers mois.

Cette conférence devrait se conclure par la publication d’un document non contraignant sur le plan juridique intitulé « La Déclaration d’Abidjan sur le Cacao», préconisant une économie cacaoyère durable.

Pour la Côte d’Ivoire, qui attend un nouveau gouvernement cette semaine après la dissolution du précédent cabinet en raison de dissensions dans la coalition au pouvoir, les grands événements comme la conférence sur le cacao marquent son retour sur la scène internationale.

Notis©2012

Sources :Afp, ICCO