Personne ne sait rien de l’Ukraine. Tout le monde a des opinions féroces, clivantes et divergentes à ce sujet. Peu savent que les charmants, angéliques, saints et parfaits Ukrainiens ont bloqué l’approvisionnement en eau de la Crimée en 2014. Une universitaire de l’académie d’oxford, qui a rappelé cette information a été choquée par « cet acte de dépit méchant et non civilisé ». Mais il est bien plus choquant que certains experts autoproclamés et hautement éduqués ne sachent pas ce fait important.

De la même manière, presque personne, dans l’éducation, la politique ou le journalisme occidental, ne connaît les racines racistes du nationalisme ukrainien, ou le mépris discriminatoire de l’État de Kiev pour les Russes.
Si le Canada traitait ses francophones comme l’Ukraine traite ses russophones, la communauté internationale serait scandalisée.
Le pire est l’ignorance généralisée du fait que le président Volodymyr Zelensky, un homme admirable, ait été élu sur un programme de paix avec la Russie. Mais quand il a essayé de faire ce qu’il avait promis, il a été menacé par des éléments de sa propre armée, qui l’ont publiquement confronté et humilié.
Dans le même temps, ses rivaux politiques, y compris les néo-nazis qui existent très certainement en Ukraine, sont descendus dans la rue pour dénoncer toute sorte d’accord de paix avec la Russie. Le président Zelensky s’est effondré, ce qui ouvert la voie à la guerre.
De fait, le premier acte de violence dans cette guerre a été le putsch de la foule soutenu par l’Occident qui a renversé le gouvernement légal de l’Ukraine en 2014.
Ce fut le vrai début de toute l’horreur. Même si cela n’excuse pas l’invasion idiote et brutale de Poutine, cela aide beaucoup à l’expliquer.
Ceux qui prennent le parti de l’Ukraine dans cette guerre ont un point de vue valable qu’il ne faut pas balayer du revers de la main gauche. Toutefois, il faut éviter le partage ou l’adhésion aveugle et systématique.
Ce qui est inacceptable, c’est la nature totalement unilatérale de l’opinion publique et internationale. C’est tellement biaisé que c’est un obstacle rédhibitoire pour savoir quoi que ce soit sur le sujet.
Ce préjugé a atteint son apogée lorsque les défenseurs ukrainiens des aciéries de Marioupol, dont beaucoup sont en fait des néonazis du bataillon Azov qui arborent fièrement les emblèmes SS sur leurs uniformes officiels, se sont rendus.
La couverture médiatique occidentale de cet événement s’est efforcée de ne pas mentionner « les néo-nazis » et d’éviter d’utiliser le mot « reddition ».
La garnison de Marioupol aurait plutôt été « évacuée » vers le territoire sous contrôle russe. Des images ont montré les nationalistes désarmés et fouillés par des soldats russes. Mais la presse occidentale est tellement en proie à une vision unilatérale de ce conflit qu’elle ne peut même pas imaginer qu’il s’agit bien d’une capitulation. Refuser d’accepter une réalité aussi évidente est un signe de folie.
Aucune idée claire ne peut justifier l’intérêt des autres Etats occidentaux à soutenir servilement la politique américaine consistant à semer le trouble en Ukraine, poussant ainsi la Russie au combat.
Peut-être que quelqu’un pourrait expliquer, autour d’une assiette de « Chicken Kyiv » et d’une bouteille de vodka. Mais pour qu’un vrai débat ait lieu, nous devrons commencer à accepter qu’il y a deux côtés à cet argument.
En 1990, la BBC a réalisé un film documentaire remarquable et prophétique intitulé « The March » (« la marche »), mettant en vedette la lumineuse Juliet Stevenson. Il dépeint un vaste cortège d’Africains pauvres se dirigeant vers le détroit de Gibraltar, tandis que les dirigeants européens se querellaient sur la façon de faire face à leur arrivée.
Les énormes questions de savoir comment le monde riche peut aider le monde pauvre sans se détruire lui-même ont été soulevées et mais sont encore sans réponse. Le drame a montré, bien avant que cela ne se produise, que la mer n’est plus la barrière entre l’Afrique et l’Europe que tout le monde pensait qu’elle était. En fait, le renversement irréfléchi du régime de Kadhafi en Libye par coalition occidentale a provoqué la crise « la Marche » avait prédite.
Notis©2022
Par Peter Hitchens