La placardisation

Si, pour des raisons administratives ou politiques, vous n’avez pas le loisir de provoquer le licenciement pour faute du « perturbateur », il vous reste l’alternative de sa placardisation. Cette manœuvre consiste à mettre quelqu’un à l’écart des forces vives de l’entreprise, en le transférant par exemple dans un service fantôme, ou en évitant soigneusement de lui confier quelque responsabilité, initiative, activité que ce soit. Certains croient que c’est un cadeau fait à l’employé. Pensez, on lui paie son temps libre ! Ne succombez pas à ce raisonnement trop facile. La placardisation est rarement vécue comme privilège, mais la plupart du temps comme une négation de valeur, une violence. Les effets psychologiques sont forts, ainsi que le détaille Dominique Lhuilier dans son livre sur le sujet : « La relégation au placard n’est pas seulement privation de l’activité. Elle est privation d’une raison d’être sociale, d’une place qui donne accès au désir et au regard des autres (…). Quand l’autre ne nous “traite” plus, parce que pour lui nous n’existons plus, comment se sentir, se savoir exister ? Le miroir est cassé. »

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Pour bien placardiser, vous devez isoler, mettre au ban. Choisissez un bureau perdu, où personne ne passe, de préférence petit et désagréable. Faites en sorte de restreindre autant que possible le contact avec les autres collègues. Il s’étiolera d’ailleurs probablement de lui-même. Dans ce type de cas l’entourage a tendance à se désolidariser de la victime. Parfois, il va jusqu’à lui trouver des fautes pour expliquer son traitement. Il y a une résistance psychologique à croire en l’injustice.