Le chômage dans le monde va dépasser le seuil des 202 millions de personnes en 2013, et battre le record absolu de 199 millions qui date de 2009, a estimé mardi l’OIT (Organisation internationale du Travail) dans son rapport annuel sur les tendances mondiales de l’emploi publié ce mardi matin, à Genève. « Malgré une remontée modérée de la croissance de la production » attendue les deux prochaines années, « le taux de chômage devrait à nouveau augmenter et le nombre de chômeurs dans le monde s’accroître de 5,1 millions en 2013 pour dépasser les 202 millions et de 3 millions supplémentaires en 2014 », estiment les experts de l’OIT.

28 millions de chômeurs en plus

 Le nombre de chômeurs a grossi de 4,2 millions en 2012 dans le monde, atteignant 197 millions et un taux global de 5,9 %, indique le nouveau rapport annuel de l’Organisation internationale du travail. Cette tendance va encore s’aggraver en 2013 avec 202 millions de personnes privées d’emploi et 210 millions sur les cinq prochaines années. Le taux de chômage va grimper durablement à 6,2 %. «Il ne faut pas s’attendre à une amélioration avant 2016. La croissance a ralenti à un tel point que cela va prendre du temps avant de créer de nouveaux emplois», s’inquiète Ekkehard Ernst, économiste de l’OIT. Lors d’une conférence de presse, Guy Ryder, Direceteur Général de l’OIT a affirmé : »qu’il y a aujourd’hui 28 millions de personnes de plus au chômage dans le monde par rapport à 2007. Soit 28 millions de chômeurs de plus depuis la période avant la crise ».

Chômage partout

M. Ryder a, en outre, déploré « la détérioration de la situation du chômage partout dans le monde », estimant par ailleurs que les perspectives « ne sont pas bonnes ».

Effet d’une crise plus marquée, les pays développés sont toujours en première ligne, absorbant un quart de la hausse, soit près d’un million de personnes, à un taux de chômage de 8,6 % qui ne déclinera pas avant 2014. S’il augmente dans la plupart des pays de la zone euro, où l’incertitude persistante pèse sur les embauches, le taux diminue aux États-Unis, de 8,1 % en 2012 à 7,8 % cette année. Les économies émergentes ne sont pas épargnées: la dégradation frappe fortement l’Asie de l’Est et du Sud – un million de chômeurs en plus dans chaque région – ainsi que l’Afrique subsaharienne où la population occupant un emploi vulnérable reste importante.

Chômage des Jeunes

Une nouvelle fois, l’Organisation basée à Genève alerte sur le chômage des jeunes qui touche près de 74 millions des 15-24 ans, soit un taux de chômage de 12,6 %. La situation est critique en Europe, où il dépasse 50 % en Grèce et en Espagne. De plus en plus de jeunes font l’expérience du chômage de longue durée et finissent par se décourager et quitter le marché de l’emploi. Environ 35 % des chômeurs de 15-24 ans sont privés d’emploi depuis six mois ou plus.

Responsabilité des Politiques

Pour Ekkehard Ernst, la hausse du chômage de longue durée tous âges confondus reflète l’inadéquation du marché de l’emploi entre offre et demande. «La mauvaise conjoncture se double d’un problème structurel, la perte de compétences rend très difficile le retour à l’emploi», explique-t-il. L’OIT renvoie la responsabilité aux politiques qui doivent d’urgence trouver des réponses coordonnées, plaidant par exemple pour plus de fédéralisme à l’échelle européenne. «Les pays ne peuvent pas chercher à améliorer leur compétitivité tous en même temps. Il faut privilégier les États en crise», critique l’économiste. L’OIT recommande d’activer les programmes de formation et de reconversion visant à traiter ces problèmes d’inadéquation, en privilégiant les secteurs productifs.

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