La dette coloniale

Presque tous les cybercriminels en Côte-d’Ivoire utilisent le thème «dette coloniale» comme prétexte. «La cybercriminalité en Afrique n’est pas vraiment un crime, elle est l’une des conséquences de la colonisation du continent. Aujourd’hui, les « Blancs » nous paient ce qu’ils ont volé à nos ancêtres et les richesses de notre sous sol qu’ils continuent de piller », a déclaré sous le couvert de l’anonymat un « brouteur » reconverti dans la vente de véhicules d’occasion. «Certes, poursuit-il, certains Africains tombent dans les mailles du filet des cybercriminels locaux, mais la cible principal demeure les occidentaux (…). Ici, les jeunes sont sans avenir, sans emploi. Les banques ne leur accordent pas de prêts pour monter une entreprise… Que voulez-vous qu’ils fassent pour survivre? Dans le passé, nos aînés n’avaient pas besoin de visa ou étaient épargnés des tracasseries administratives pour aller en Europe, à la recherche d’une vie meilleure. Aujourd’hui les ambassades ne donnent plus de visas. Ceux qui y vont se noient. Internet constitue une bouffée d’oxygène, une autre chance pour la jeunesse africaine ».

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Cependant, la prise de conscience croissante de la fraude sur Internet entrave la bonne marche des affaires des « brouteurs ». Ils reconnaissent qu’il est de plus en plus difficile d’attraper de gros poissons dans leur filet, car les internautes sont devenus beaucoup trop prudents. Les autorités publiques ayant redoublé d’efforts contre la ruse high-tech, les cybercriminels songent à mettre en place des méthodes encore plus habiles pour s’en sortir.