9. Otis Redding

Sur scène – à commencer par sa performance impressionnante au festival Monterey Pop de 1967 – Otis Redding était si illimité et incontrôlable qu’il pouvait littéralement faire trembler la scène. Mais surtout en studio, sa râpe émotive était une merveille de retenue contrôlée. Dans ses ballades soul les plus pénétrantes, comme « Try a Little Tenderness », « Mr. Pitiful » et « (Sittin’ on) The Dock of the Bay », Redding savourait chaque mot angoissé, ajoutant des lignes exclamatives à la fin des phrases mais sans jamais en faire trop. Un autre témoignage de sa puissance : la façon dont il pouvait reprendre des succès rock & roll, comme « (I Can’t Get No) Satisfaction » et « A Hard Day’s Night », et vous faire oublier que quelqu’un les avait chantés avant lui.

10. Al Green

Il y a quelque chose de félin dans la voix d’Al Green – une souplesse sinueuse qui éclate dans des endroits auxquels l’auditeur ne s’attend pas, ce qui est toujours le bienvenu. Peu de chanteurs créent l’illusion d’être emportés par la chanson. Qu’il soit allongé dans un groove funk dur de Memphis, comme un python prêt à s’élancer (voir le premier « I’m a Ram »), ou qu’il overdubbe plusieurs faussets éthérés (à la l’apogée de « Have You Been Making Out OK »), le « Révérant » Green peut évoquer le transport ravissant sans effort. La vérité était tout à fait différente – il a travaillé dur sur ses classiques – mais qu’il chante sur Dieu ou sur Satan, Green demeure l’ultime soul man.

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