Les réseaux numériques forment l’infrastructure de la société du futur en même temps qu’ils configurent les connaissances de demain. Mais, si les nouvelles technologies constituent une formidable opportunité, notamment économique, le risque est grand d’élargir la fracture numérique territoriale avec une société à deux vitesses où les conditions d’accès en débit et en couverture ne seraient pas les mêmes pour tous.

Égalité territoriale

Il est plus facile de déployer les réseaux supportant les technologies de la communication dans une zone à forte densité de population. Il serait inacceptable de laisser ruralité vivante, dynamique, cet espace de vie qui attire de plus en plus, à l’écart des innovations technologiques, avec un internet des campagnes et un internet des villes. Internet haut débit, téléphonie mobile, télévision numérique terrestre sont les éléments déterminants de l’attractivité et le de la compétitivité des démembrements territoriaux.

Si l’aménagement numérique des territoires est devenu un objectif de politique publique majeure c’est bien parce qu’il répond au principe légitime de l’égalité territoriale. Mais c’est aussi parce qu’il est un enjeu de développement économique essentiel. Le numérique est en effet un multiplicateur de croissance et de productivité. Un investissement dans ce secteur a trois fois plus d’impact sur la productivité que n’importe quel autre investissement. Ainsi, un surcroît de couverture de 10% se traduit par un accroissement de 1,3% du PIB.

Le lien entre l’aménagement numérique des territoires et la croissance économique sont donc incontestables. C’est la raison pour laquelle les collectivités territoriales doivent prendre le relais des opérateurs de télécommunication pour leur désenclavement numérique. En vertu des textes législatifs et constitutionnels, elles disposent en effet d’une compétence générale pour ces réseaux et même, lorsque l’initiative privée est défaillante, pour intervenir comme opérateur de communications électroniques. Grâce à leurs efforts et à ceux des opérateurs, le simple citoyen bénéficiera d’un taux de pénétration du Haut débit de qualité et d’une offre de services à des tarifs les plus bas.

THD

Les technologies de l’information et de la communication ont quelque chose du mythe de Sisyphe. Rien n’est jamais définitivement acquis et le risque d’une fracture numérique apparaît à chaque nouvelle technologie. Si le haut débit et la génération actualisée de téléphonie mobile couvrent désormais près de 99% de la population, la perspective du Très Haut Débit (THD) fixe et mobile, de même que la TNT suscitent des craintes dans les territoires les moins densément peuplés. Afin d’écarter le risque de l’écran noir, une augmentation de la puissance des émetteurs et la mise en place de fonds de financement d’équipements satellitaires des foyers situés dans les zones d’ombre sont nécessaires.

L’abandon de la vieille diffusion analogique et le passage au tout numérique sont aussi un enjeu capital pour l’aménagement numérique du territoire. En effet, les fréquences qui ont été libérées par cette mutation vont permettre demain d’apporter sur ce que l’on appelle communément le dividende numérique une très grande partie du territoire le THD en usage fixe et mobile, grâce aux nouvelles générations de la téléphonie mobile qui permettra des débits théoriques de 100 Mégabits.

Pour répondre à l’accroissement considérable du trafic et à l’émergence de nouveaux usages (interactivité, simultanéité des usages, vidéo haute définition, etc.…) deux grands défis doivent être relevés : celui de la capacité du débit et celui de la mobilité, dans une société où la connexion doit être permanente.

Nouvelle frontière

Le Très Haut Débit (THD) est une nouvelle frontière avec ses promesses en termes de gisement d’emplois et de croissance. Mais, il constitue une menace de laisser pour compte tout un pan du territoire national, si l’on s’en remet aux seules forces du marché. Pour éviter cette disparité, il faudrait promouvoir des mesures de complémentarité:

1- Entre les technologies.

Puisque la fibre optique n’ira pas partout rapidement, d’autres technologies, comme le satellite ou encore l’hertzien avec le dividende numérique, devront être encouragés. La couverture du territoire en THD sera nécessairement multimodale,

2- Entre les opérateurs privés et les pouvoirs publics.

Des financements publics trop faciles décourageraient l’initiative privée. En revanche, il est clair que pour les zones les plus rurales, l’intervention publique sera décisive. Mais alors, elle devra être impulsée par les collectivités et non par l’Etat.

Notis©2013