Le monde doit réduire sa production de charbon, de pétrole et de gaz de plus de moitié au cours de la prochaine décennie pour avoir une chance de respecter les normes climatiques strictes établies par l’Accord de Paris de 2015, selon les conclusions d’une étude réalisée pour l’ONU Par un institut de l’environnement (SEI) établi à Stockholm.

D’après les projections de l’industrie du secteur minier, 240 % de plus de charbon, près de 60% de plus de pétrole et plus de 70% de plus de gaz naturel seront extraits d’ici 2030, au-delà des limites fixées par les accords de Paris.

Dans l’ensemble, 110 % de plus de combustibles fossiles seront produits que la limite d’augmentation de 1,5 Celsius (2,7 Fahrenheit) ne le permet, selon un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement. A cette allure, l’objectif plus modeste d’augmentation de 2 °C (3,6 °F), sera dépassé par les pays industrialisés, qui devraient dépasser la limite de 45 %, selon l’étude.

« Les gouvernements continuent de planifier et de soutenir des niveaux de production de combustibles fossiles qui dépassent largement ce que nous pouvons consommer en toute sécurité », a déclaré le, Ploy Achakulwisut, coordinateur de cette étude. Il a ajouté que « même l’objectif plus modéré de plafonner le réchauffement climatique d’ici 2100 à une augmentation de 3,6 degrés Fahrenheit par rapport à avant la révolution industrielle est irréaliste ».

Les experts du climat disent que le monde doit cesser d’augmenter la quantité totale de gaz à effet de serre dans l’atmosphère d’ici 2050. Cela ne peut être fait qu’en réduisant considérablement la combustion de combustibles fossiles dès que possible, entre autres mesures.

Les chercheurs ont découvert que la plupart des grands pays producteurs de pétrole et de gaz – et même certains pays charbonniers – prévoyaient d’augmenter leur production jusqu’en 2030, voire au-delà.

« Malgré des ambitions climatiques accrues et des engagements du « zéro net », les gouvernements prévoient toujours de produire plus du double de la quantité de combustibles fossiles en 2030 que ce qui serait compatible avec la limitation du réchauffement climatique », a déclaré le SEI, dans un communiqué en date du 21 octobre 2021.

Le rapport a également conclu que depuis le début de 2020, les pays du G-20 ont investi 300 milliards de dollars dans de nouveaux projets de combustibles fossiles, bien plus que dans l’énergie propre. (En 2017, 280 milliards de dollars ont été dépensés dans le monde pour les énergies renouvelables, selon l’Institut international pour le développement durable, contre des « milliards » pour les combustibles fossiles.)

Écart de production

La disparité entre les objectifs climatiques et les plans d’extraction de combustibles fossiles, connue sous le nom d’« écart de production », se creusera jusqu’en 2040 au moins, selon le rapport.

Plus l’écart s’agrandit, plus les protocoles sur le changement climatique devraient devenir austères pour atteindre l’objectif d’émissions de Paris, a déclaré le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).

« Il est encore temps de limiter le réchauffement à long terme à 1,5°C, mais cette fenêtre d’opportunité se referme rapidement », a déclaré la directrice de l’agence Inger Andersen.

Le rapport a examiné 15 principaux pays producteurs de combustibles fossiles, dont la Chine, le Brésil, les États-Unis et le Royaume-Uni, qui représentent ensemble les trois quarts de l’industrie.

Les projections du gouvernement américain montrent que la production de charbon devrait diminuer de 30% dans l’ensemble de 2019 à 2030. Mais la production de pétrole et de gaz augmentera de 17 % et 12 %, respectivement, au cours de la même période. De surcroit, une grande partie de ces combustibles fossiles serait exportée, ce qui signifie que les émissions résultant de leur combustion n’apparaîtraient pas dans l’analyse américaine, bien qu’elles s’ajouteraient évidemment au total mondial.

« Nous devons couper avec les deux mains des ciseaux, en répondant simultanément à la demande et à l’offre de combustibles fossiles », a déclaré le ministre de l’Environnement du Costa Rica, Andrea Meza. Le Costa Rica et le Danemark prévoient de lancer un nouveau groupe dénommé « Beyond Oil and Gas Alliance », pour promouvoir cet effort.

Notis©2021

Par Mary Maz

Sources : Governments’ fossil fuel production plans remain dangerously out of sync with Paris limits