A soixante-cinq ans, Franz-Olivier Giesbert a derrière lui quarante-cinq ans d’aventures journalistiques, treize romans et plusieurs essais politiques. Surtout, il sait ce que signifie « diriger une entreprise » : à son actif, plusieurs mandats de grand patron de presse (Le Nouvel Observateur, Le Figaro, Le point). Si FOG n’a plus rien à prouver professionnellement, il a encore beaucoup de choses à dire qui sortent des sentiers battus. La dernière en date concerne le continent Africain dans laquelle il voit un «moteur» capable de tirer l’économie mondial vers le haut.

Le monde change

Selon Monsieur GIELBERT, paraphrasant Hegel, «l’histoire va dans le bon sens. C’est la croissance, dopée par les échanges internationaux, qui diminue la pauvreté à un rythme soutenu, notamment en Asie, en Afrique et en Amérique latine, tandis qu’émerge un monde nouveau (…). Les braillards de l’antimondialisation ne pourront jamais rien contre cette réalité qui, aujourd’hui, crève les yeux : grâce à la vague mondiale d’échanges commerciaux, 1 milliard de Terriens sont sortis de l’état d’extrême pauvreté (1,25 dollar par jour) au cours des vingt dernières années. Certes, il reste encore 1,2 milliard de personnes en situation de détresse alimentaire, notamment dans une partie de l’Afrique subsaharienne. Mais il faut être totalement déconnecté de la réalité pour ne pas observer une nette amélioration depuis la fin du siècle dernier.»

Le bouleversement de l’ordre économique a un impact certain sur le mouvement des populations : « Ironie de l’histoire, écrit-il, depuis peu, l’immigration se fait aussi à l’envers. Fuyant le chômage sur notre Vieux Continent, des Portugais retournent en grand nombre chercher du travail dans leurs anciennes colonies de l’Angola ou du Mozambique. Et ce n’est peut-être qu’un début. »

Le déni français

Franz-Olivier Giesbert  n’est, en revanche pas tendre avec son pays d’origine : « La France, par paresse intellectuelle, est l’un des derniers pays du monde à nier le miracle économique africain. Lors du dernier colloque franco-britannique qui réunit les élites des deux côtés de la Manche, Jean-François Copé discourait sur l’Afrique qui coule quand il se fit remettre à sa place par le patron d’origine ivoirienne de la société d’assurances britannique Prudential sur le thème : « Chers Français, il serait temps que vous mettiez vos montres à l’heure ! ». Le bonheur des uns est souvent dur à vivre pour les autres, surtout quand ils tombent de leur piédestal. Nombreux sont ceux qui, dans notre Hexagone, rêvent de se barricader contre les vents du large en continuant à tourner leur petite soupe dans leur petite marmite devant leur petit feu. Puisque le monde n’est plus à nous, se disent-ils, quittons-le. C’est la tentation albanaise.

Les défis africains

Mais, l’ex-patron du journal « Le Point » n’est pas un afro-optimiste aveugle : « Si elle est bien partie, dit-il, l’Afrique a cependant, outre la lutte contre la pauvreté, pas mal de défis à relever. D’abord, sa croissance repose principalement sur l’exportation de ses abondantes matières premières : l’industrie, créatrice d’emplois durables, tarde à se développer. Ensuite, elle est dépassée par sa démographie galopante (40 % des Africains ont moins de 15 ans) et peine, c’est un euphémisme, à maîtriser son urbanisation. Enfin, elle est gangrenée, comme au Nigeria, par un intégrisme islamique qui ne recule pas devant les pires folies meurtrières. »

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Sources : lepoint.fr
Photo : crédit Figaro