Une campagne mondiale pour lutter contre les causes du cancer liées au nouveau mode de vie basé sur l’abus d’alcool, la consommation de sucre et l’obésité vient d’être lancée par l’Organisation mondiale de la santé. Selon l’OMS le nombre de nouveaux cas pourrait augmenter de 70%, soit près de 25 millions de personnes, au cours des 20 prochaines années. Dans un rapport volumineux de 800 pages sur le cancer, l’instance onusienne affirme que la moitié des cas de cancer sont évitables. « Il est réaliste de dire que nous pouvons traiter la maladie et en sortir avec une économie  de moyen », ont écrit les auteurs du rapport.

Explosion  des coûts de traitement

Même les pays les plus riches auront du mal à faire face à l’explosion des coûts de traitement et de soins des patients. Quand aux pays à faibles revenus, où les chiffres sont probablement plus élevés que ceux qui sont annoncés, ils sont manifestement mal équipés pour la prise en charge des cas à venir. L’incidence du cancer à l’échelle mondiale a augmenté de 12,7 millions de nouveaux cas en 2008 à 14,1 millions en 2012. En 2032, ce chiffre devrait atteindre près de 25 millions par an, soit une augmentation de 70 %. Le plus lourd fardeau pèsera sur les pays les plus pauvres et à revenu intermédiaire, où la population est en augmentation constante depuis longtemps.

Cependant, tous « les pays sont frappés par deux types de cancers. Le premier type qui concerne les cancers déclenchées par des infections, telles que les cancers du col utérin, sont encore très répandus dans les pays les plus pauvres où il n’existe aucun dépistage, sans parler de vaccin anti VPH (papillomavirus). Le deuxièmement types de cancer, la nouvelle vague, concerne les cancers liés aux modes de vie des pays les plus riches, marqué par la consommation croissante du tabac, la consommation d’alcool et des aliments machinés et le manque d’activité physique», écrit Margaret Chan, directeur général de l’OMS, dans l’introduction du rapport.

Prévention et détection précoce

Christopher Wild, directeur de l’Agence Internationale pour la Recherche sur le Cancer (AIRC ) et co-auteur du rapport, a déclaré : «Malgré les progrès de la médecine, nous ne pouvons pas sortir de la maladie du cancer que par son traitement. Un plus grand engagement dans la prévention et la détection précoce est absolument nécessaire afin de compléter l’amélioration des traitements et faire face à l’augmentation alarmante du fardeau du cancer au niveau mondial». Un autre co-auteur, Bernard Stewart, a insisté sur le «rôle crucial de la prévention dans la lutte contre le raz de marée du cancer » et a appelé à une ouverture de discussion sur la façon d’encourager les gens à changer de mode de vie, ainsi que la mise en place d’une taxe sur les boissons sucrées. Un tel dispositif pourrait être un frein au développement des cancers causés par l’obésité et le manque d’exercice physique.

Le rapport montre que les cancers attribuables à l’alcool sont responsables de 337 400 décès dans le monde en 2010, principalement chez les hommes. La consommation d’alcool est responsable non seulement de la plupart des décès dus au cancer du foie, mais également du risque de cancers de la bouche, de l’œsophage, de l’intestin, de l’estomac, du pancréas, du sein, entre autres. Selon le Dr Stewart, « l’étiquetage, la disponibilité et le prix de l’alcool devraient tous être à l’ordre du jour, y  compris la taxation des boissons sucrées ». Le rapport indique que les efforts visant à réduire le pourcentage de boissons gazeuses qui contiennent des quantités importantes de sucre devraient devenir une priorité.

Alimentation à risque

Selon le Dr Bernard Stewart, l’obésité constitue un plus grand risque à la fois pour le diabète que le cancer. Le risque de cette dernière maladie est susceptible de mettre plus de pression sur les pouvoir publiques, en raison de la prise de conscience de plus en plus perceptible au sein de la masse populaire. Près de la moitié de la population active ne reconnait pas l’importance de l’alimentation dans la protection contre le cancer. Manger beaucoup de viande rouge – en particulier la viande traitée – augmente le risque de cancer de l’intestin. Manger des fruits et légumes peut protéger contre certaines formes de cancer, bien que le rapport mondial sur le cancer dit qu’ils «ne semblent pas être aussi fortement protecteur contre le cancer comme on le croyait». Cependant, l’AIRC indique qu’ils protègent du diabète et des maladies cardiaques.

Crise mondiale sans précédent

Le cancer du poumon est la forme la plus couramment diagnostiqué chez les hommes (16,7 % des cas) et le plus grand tueur (23,6 % des décès). Le cancer du sein est le diagnostic le plus fréquent chez les femmes (25,2 %) et a causé 14,7% des décès, ce qui est une baisse et dépasse tout juste le nombre de décès par cancer du poumon chez les femmes (13,8%). les cancers de l’intestin, de la prostate et de l’estomac sont les autres diagnostics les plus fréquents.

Jean King, connu pour ses action contre le tabagisme a déclaré: «Les gens peuvent réduire le risque développer un cancer en faisant le choix d’une vie saine. Il est important de se rappeler que le gouvernement et la société sont également responsables de la création d’un environnement qui prenne en charge ces conditions d’existence matérielle. Il est clair que si nous n’agissons pas maintenant pour réduire le nombre de personnes atteintes du  cancer, dans les deux prochaines décennies, nous serons au cœur d’une crise mondiale sans précédent. »

Notis©2014