Le géant canadien de la téléphonie mobile ne baisse pas les bras depuis qu’il tutoie les abysses du classement mondial des fabricants de mobiles, après avoir raté le virage des téléphones « intelligents ». Le groupe a fini par se recentrer sur ce qu’il sait faire de mieux, le marché des professionnels. Une stratégie qui n’empêche pas la descente aux enfers de sa part de marché. BlackBerry a ainsi vu sa part de marché passer de 2,4 à 0,6% au 2ème trimestre 2014 sur un an. Le nombre d’appareils vendus durant le trimestre est d’autre part passé à 1,9 millions d’unités contre 5,7 millions un an auparavant.

Un Passeport pour la révolution

Lancé officiellement le mercredi 24 septembre 2014, l’engin est doté d’un grand écran de 4,5 pouces de diagonale, qui contraste avec le format 16/9ème auquel les clients sont habitués, entend leur offrir le meilleur de ce qui a fait le succès de BlackBerry : un clavier à la fois physique et tactile sur lequel on peut faire défiler ses doigts, une sécurisation des données présentée comme la plus aboutie et une facilité de synchronisation via un nouveau logiciel. Ce dernier, baptisé Blend, centralise toutes les informations enregistrées par le biais du smartphone sur ordinateur portable, fixe, ou tablette.

« Nous avons voulu bousculer les codes existants. Nous aurions pu partir sur un format phablette. Mais nous avons opté pour celui du passeport, qui est à peu près le même partout dans le monde. Tous nos concurrents ont adopté un rectangle identique pour tous les smartphones. C’est un format qui, en productivité, a des inconvénients et qui force à passer du mode portrait au mode paysage « , a déclaré David Derrida, directeur produits chez BlackBerry France.

Un signe extérieur de statut social

Le BlackBerry Passport est un smartphone qui frise l’arrogance. Sortir pareil engin en réunion, c’est afficher son niveau au sein de la hiérarchie d’une entreprise. « C’est un outil à mettre entre les mains des Boss », selon Monsieur Derrida. Il n’hésite pas à citer le nombre de gouvernements du G20 qui utilisent des BlackBerry (16 sur 20), pour illustrer la principale force de son groupe, à savoir la sécurité. En France, PSA Peugeot Citroën et Airbus ont décidé (fin 2013 pour l’une et en février pour l’autre) d’équiper leurs salariés avec des Z10. Soit 10.000 appareils rien que pour le constructeur automobile.

Un passeport pour la forme

Bien qu’assez novateur avec sa forme carrée et son clavier hybride, le Passport risque de servir de simple vitrine aux logiciels sécurisés sur lesquels BlackBerry concentre son expertise.

Sauf que, même au niveau logiciel, les concurrents sont là, et il ne sera pas facile de convaincre les directeurs des systèmes informatiques d’adopter une flotte de BlackBerry Passport alors que des grands noms, comme Microsoft, proposent des solutions qui combinent PC portable, tablettes et smartphones sur un environnement de travail complètement intégré.

Si cette nouvelle version de la « mûre » ne trouve pas son public, les chances de maintien de BlackBerry sur le marché sont compromises. Sa survie pourrait, selon les observateurs, passer par un scénario à la Nokia, c’est-à-dire un achat par un grand groupe qui aurait la solidité et les ressources pour opérer une transformation en profondeur. « Le problème est que BlackBerry fait à la fois du hardware et du logiciel », explique encore un analyste, « ce qui ne facilite pas la reprise de telle ou telle activité ».

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