Le vent de la légalisation qui souffle sur l’Amérique, en général, et les Etats-Unis, en particulier, a transformé la marijuana en nouvelle Pizza. Là-bas les livreurs de drogue à domicile font fortune. Livrer de la dope, c’est comme livrer des pizzas. Mais en plus facile. « On n’a pas besoin de garder le produit au chaud, donc il n’est pas nécessaire de retourner à la base aussi souvent. Les clients étudient le menu et choisissent dans la sélection disponible quand on arrive », fait savoir Evan Cox, un ex-livreur de pizza.

La conscience

En 2012, en pleine tempête de crise économique, Evan Cox s’est retrouvé à court d’argent, mais pas d’idées. L’Etat de Washington était sur le point de légaliser la vente de cannabis et l’étudiant de Seattle a compris qu’il faudrait encore un certain temps avant que n’ouvrent les premières boutiques spécialisées dans la vente de marijuana. Il a donc monté «Winterlife», un service de livraison à domicile. Après seulement deux d’activité, l’entreprise a généré plus d’un (01) million de dollars de chiffre d’affaires par mois [730 000 euros] employant une cinquantaine de personnes. D’après son site Internet, Winterlife  se défini comme une «entreprise avec une conscience ». Elle s’est même engagée dans des actions visant à la protection des animaux en voie de disparition et l’aide aux nécessiteux.

La légalité

Le livreur de marijuana opère pourtant à la limite de la légalité. En effet, même si l’achat de cannabis est autorisé dans l’Etat de Washington, les personnes qui en livrent restent passibles de sanctions, ce qui n’empêche pas le marché de fleurir. La société de Cox est enregistrée au niveau de la mairie et de l’Etat de Washington, mais ne peut ouvrir de compte en banque en raison de la législation fédérale. C’est donc en espèces que, en avril, Winterlife a versé 167 000 dollars [123 000 euros] de taxes sur les ventes à l’administration fiscale de l’Etat de Washington. Les services de livraison de drogue ont également du succès dans les Etats à la réglementation plus stricte.

A New York, la vente est interdite mais la possession a été dépénalisée, et il existe plus d’une dizaine de services illégaux qui desservent Manhattan et Brooklyn. Il suffit d’être recommandé par un client, d’appeler un numéro et d’attendre une heure pour voir un jeune homme propre sur lui arriver, la plupart du temps en vélo, avec un sac à dos rempli de diverses variétés. Les livreurs ne transportent que de l’herbe et toujours moins de 25 grammes, de façon à ne risquer qu’une amende en cas d’interpellation. La police est au courant de leurs activités mais choisit de laisser faire. Un paquet de 2,5 grammes coûte ainsi en général au moins 50 dollars [37 euros].

La sécurité

C’est bien plus cher que dans la rue mais les risques d’agression sont réduits au minimum. Les adeptes de la fumette qui en ont les moyens sont ravis de payer davantage pour la sécurité et le côté pratique. La livraison à domicile marche moins bien pour les drogues dures, assure toutefois Peter Reuter, un économiste de l’université du Maryland, car le marché est plus petit et les charges criminelles bien plus importantes. Même dans les Etats où les boutiques de cannabis sont autorisées, il existe des sociétés qui ne fonctionnent qu’avec le système de livraison.

Pour Mark Kleiman, de l’université de Californie à Los Angeles, les autorités devraient encourager les services de livraison de marijuana plutôt que l’ouverture de magasins spécialisés. Ces derniers ont un impact négatif sur le voisinage, attirent les braqueurs, ainsi que des mineurs qui demandent aux passants adultes d’acheter pour eux. De plus, comme les boutiques d’alcool, ils ont un effet incitatif et dissuadent les consommateurs excessifs d’arrêter.

Notis©2014

Source: the economist