Le maire Gaulliste de Calais, Madame Natacha Bouchart, a déclaré « l’état d’urgence », car le port de sa ville est « prise en otage » par des milliers de migrants africains qui, venus pour la plupart d’Erythrée, attendent dans des camps de fortune l’occasion de traverser la Manche à bord de camions à destination de l’Angleterre. Des deux côtés de la Manche, à Paris et Londres, personne ne se demande pourquoi ces réfugiés ne veulent pas rester en France. Selon le «Wall Street Journal», la France est un « pays amorphe qui ne séduit même plus des Africains fuyant la misère et la guerre ».

Générosité

Rappelons que ces hommes ont réussi à fuir l’un des pays les plus répressifs au monde, échappé aux nombreux dangers des déserts du nord de l’Afrique et traversé la Méditerranée sur des embarcations de fortune pour venir en Europe. Et la France ne serait pas assez bien pour eux ?
Apparemment non. C’est d’autant plus étonnant que les largesses de l’Etat providence, qu’il soit britannique ou français, dépendent du statut de réfugié accordé au demandeur d’asile et des aides sociales réclamées et que, dans l’ensemble, le Royaume-Uni est bien moins généreux que la France et d’autres pays européens.

Et donc la vérité, n’en déplaise au maire de Calais et à l’ensemble de la classe politique française, c’est que les Erythréens préfèrent passer au Royaume-Uni, parce que le pays est beaucoup plus attrayant en termes de dynamisme économique et d’opportunités d’emploi.

Modernité

Comme solution, Mme Bouchart exige du gouvernement britannique de financer ses efforts pour barrer la route à la vague de migrants vers le Royaume-Uni. Une meilleure idée serait que la France imite ses voisins, comme la Grande-Bretagne et l’Allemagne, qui ont mis en œuvre des réformes favorables à la croissance, en particulier une plus grande souplesse des règles du marché du travail. La législation sociale française favorise les intérêts des syndicats au détriment des demandeurs d’emploi. Les sanctions disciplinaires (mise-à-pieds, avertissement…) ou le licenciement des employés, par exemple, est un parcours du combattant pour la plupart des entreprises françaises, les obligeant à manœuvrer dans une jungle de textes règlementaires et parfois à obtenir l’approbation des syndicats.

En France, l’immigration est trop souvent perçue comme un problème culturel ou économique, surtout en période de non croissance. Or les immigrants ont beaucoup à apporter à l’économie française, ainsi qu’à sa culture, à condition que les hommes et les femmes politiques, à Paris comme à Calais, conçoivent des lois qui encouragent le travail et les investissements et soutiennent l’esprit d’entreprise.

Notis©2014

Illustration : Pascal Rossignol/ REUTERS