« Dans certains pays, la corruption accompagne les gens ordinaires, de leur naissance jusqu’à leur mort », note l’ONG « Transparency International » dans un rapport accablant sur la corruption dans le monde. Non seulement, elle est toujours très largement répandue y compris dans les pays dits développés, mais elle a tendance à se développer encore en ces temps économiquement troublés. Plus d’une personne sur deux (53%) dans le monde estime que la corruption s’est aggravée en deux ans.

Le nouveau tiers monde

Au cours des douze derniers mois, 27% des personnes interrogées pour ce baromètre mondial de la corruption affirment avoir dû verser un pot-de-vin pour obtenir un service de l’administration, qu’il s’agisse de la police, de la justice, de la santé ou de l’administration fiscale. Au Kenya, ce peut être une enveloppe contenant l’équivalent de 100 dollars américains si l’on veut obtenir l’autorisation d’acheter un terrain. En Ouganda, il faut verser au minimum 200 dollars pour espérer accélérer le cours d’un procès. Parfois, comme au Venezuela, c’est la police qu’il faut arroser pour l’empêcher de vous harceler. Selon le « baromètre mondial de la corruption », 53 % des plus de 100.000 personnes interrogées estiment que la corruption s’est aggravée. Y compris dans certains pays européens, comme la France, l’Allemagne, le Portugal et la Grèce. Y compris aussi dans les pays arabes où les peuples se sont précisément soulevés en 2011 contre les abus de pouvoir de leur classe dirigeante. Ainsi en Egypte, 64 % des sondés pensent que la corruption s’est répandue et la proportion s’élève à 80 % en Tunisie. En Libye, toutefois, une petite majorité pense que leur pays est moins corrompu que sous le régime de Mouammar Kadhafi.

Tous « pourris »

L’enquête, réalisée auprès de 114 000 personnes dans 107 pays, montre également une crise de confiance vis-à-vis de la classe politique. En effet, de toutes les institutions que les citoyens jugent affectées par la corruption, ce sont les partis politiques qui sont considérés comme les plus touchés : sur une échelle proposée de 1 à 5, les personnes interrogées notent leur classe politique à 3,8. C’est ensuite la police – considérée comme l’institution la plus corrompue dans 36 pays -, la fonction publique et la justice qui sont citées. « En un mot, ce sont les acteurs qui sont supposés gérer les pays et défendre la règle de droit qui sont considérés comme les plus corrompus. Ils sont vus comme abusant de leur pouvoir et agissant d’abord en fonction de leurs propres intérêts et non pour les citoyens qu’ils sont censés représenter et servir », note le rapport de Transparency International. Personne ne s’attend d’ailleurs à ce que le salut vienne des gouvernements.

Inefficacité des moyens de lutte

Le regard que portent les citoyens sur l’action de leurs dirigeants pour lutter contre la corruption est plus sévère qu’avant le début de la crise financière en 2008, selon la même source. Ainsi, 31% d’entre eux jugeaient il y a cinq ans que l’action de leur gouvernement pour lutter contre la corruption était efficace. Mais ils ne sont plus que 22% à l’heure actuelle.

Transparency International recommande, entre autres, aux responsables politiques de rendre publiques leurs déclarations de patrimoine ainsi que celles de leur famille. Elle estime en outre que les formations politiques doivent déclarer leurs sources de financement et leurs revenus «de manière à indiquer clairement qui les finance et révéler ainsi les conflits d’intérêts potentiels».

Notis©2013

Sources : Global Corruption Barometer 2013 par Transparency International