Roy Hargrove, trompettiste virtuose qui est devenu un symbole du renouveau du jazz au début des années 1990, puis s’est imposé comme l’un des musiciens les plus respectés de sa génération, est décédé vendredi 03 novembre 2018, dans un hôpital de Manhattan (New-York). Il avait 49 ans.
Sa mort aurait été causée par un infarctus (arrêt cardiaque) provoqué par une maladie rénale. Son agent, Larry Clothier, a dit que M. Hargrove était sous dialyse depuis 13 années.
Genèse d’un phénomène

Dès ses années de lycéen, M. Hargrove a exprimé une profonde affinité pour le riche lexique laissé par Clifford Brown (30 octobre 1930 – 26 juin 1956) et Booker Little (02 avril 1938 – 05 octobre 1961), notamment. Animé par la même flexibilité créative que Miles Davis (26 mai 1926 – 28 septembre 1991), Roy Hargrove a lui aussi replacer le Jazz dans des contextes mouvants. Il a su revigorer le Patrimoine de la Musique Afro-américaine, tout en rappelant aux auditeurs la longue tradition de cette Grande Musique.

Roy Anthony Hargrove est né le 16 octobre 1969 à Waco, au Texas, fils de Roy Allan et Jackyn Hargrove. Il a grandi principalement à Dallas, où sa famille a déménagé à l’âge de 9 ans. Son père a servi dans l’armée de l’air puis a travaillé dans l’usine d’un équipementier texan. Sa mère occupait des emplois de bureau, notamment comme agente administrative à la prison du comté de Dallas.
Calme et retiré par nature, M. Hargrove a développé un attachement étroit à la musique. «Mes parents étaient peu présents. J’étais plutôt du style solitaire », a-t-il déclaré dans une entrevue. “Au départ, je voulais jouer de la clarinette, mais nous n’avions pas d’argent. Mon père avait un cornet qu’il avait acheté chez un prêteur sur gages. Alors, j’ai joué à ça. Finalement je m’en suis accommodé. »
Encadré par son professeur de lycée, M. Hargrove a très tôt montré ses talents. Il a joué dans des festivals et conférences dédiés au jazz avec son groupe de lycée. Les rumeurs sur sa virtuosité se sont répandues.
M. Hargrove était en pleine adolescence quand le trompettiste Wynton Marsalis s’est rendu à son lycée, lors d’une visite à Fort Worth, demandant à entendre le jeune phénomène. M. Marsalis était tellement impressionné qu’il a invité M. Hargrove à le rejoindre lors de ses prestations dans les clubs. Cela a débouché sur un voyage estival en Europe avant sa dernière année au lycée. C’est ainsi que le « petit Roy » participa au North Sea Jazz Festival à La Haye en tant que membre d’un groupe de stars.
Après une année au « Berklee College of Music de Boston », M. Hargrove déménagea à New York en 1990, à l’âge de 20 ans. Il s’inscrit au « New School of Jazz de New York » qu’il abandonna rapidement. Et pour cause : son domicile était situé à Bradley, au club de Greenwich Village et au centre de jam-sessions endiablés par des musiciens les plus estimés. Il y restait habituellement jusqu’à la fermeture chaque nuit, tant pis pour les cours de la « nouvelle école de musique »
Pendant ses six premiers mois à New York, il a dormi (sur le canapé du salon) chez Wendy Cunningham, la propriétaire de Bradley’s(Bradley’s a fermé ses portes en 1996).