Les 85 personnalités les plus riches du monde gagnent autant d’argent que les 3,5 milliards de pauvres de tous les continents réunis. La richesse combinée Bill Gates, Warren Buffet, les frères Koch, notamment, représenterait 46% de la richesse mondiale, selon un rapport publié le 20 janvier 2014 par Oxfam. Face à la montée des inégalités, l’ONG tire le signal d’alarme : «Le fossé persistant entre les revenus des plus riches et ceux des plus pauvres est un risque susceptible de provoquer les dégâts les plus graves dans le monde au cours de la prochaine décennie.» Cette position est aussi celle du Forum économique mondial qui a publié son rapport annuel sur les risques économiques.

Risques en cascade

Selon le Forum économique mondial, la disparité des revenus est le risque global le plus susceptible de provoquer un «choc systémique» à l’échelle mondiale, devant les évènements météorologiques extrêmes, le chômage et les cyber-attaque. Le rapport, qui étudie 31 risques globaux, cite également les crises budgétaires ou une éventuelle crise de l’eau parmi les plus préoccupants. «Chaque risque examiné (…) pourrait provoquer une défaillance à l’échelle mondiale; mais c’est leur interconnexion qui accentue leurs effets négatifs au point qu’ensemble, ces effets pourraient être décuplés», a déclaré Jennifer Blanke, économiste en chef au Forum économique mondial, lors d’un point presse. La crise récente illustre parfaitement ces interconnexions, observe le rapport : «l’échec des institutions financières a provoqué une crise financière qui a entraîné une crise de liquidités dont de nombreuses économies ont été victimes. Cela a conduit alors à une flambée du chômage, une aggravation des écarts de revenus et, au final, à des tensions politiques et sociales, voire des mouvements de protestation, dans certains pays d’Europe et grands marchés émergents.»

Système biaisé

Saluant les arguments du FEM, Oxfam enfonce le clou en pointant du doigt une « inégalité économique extrême » qui  est une « atteinte à la stabilité sociale » et une « menace pour la sécurité mondiale.» Chiffres à l’appui, dans son rapport, «En finir avec les inégalités extrêmes», Oxfam affirme que «les richesses du monde sont divisées en deux: près de la moitié est entre les mains des 1% les plus riches, tandis que 99% de la population mondiale se partagent l’autre moitié ». Selon cette ONG, sept personnes sur 10 vivent dans un pays où les inégalités se sont creusées ces 30 dernières années. Une tendance qui ne devrait pas ralentir avec la perspective d’une sortie de crise. Bien au contraire, si l’on s’appuie sur l’exemple américain. «Aux États-Unis, les 1% les plus riches ont confisqué plus de 95% de la croissance post-crise financière depuis 2009, tandis que les 90% les moins riches se sont appauvris.»

Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam, a déclaré: « Il est inacceptable qu’au 21ème siècle, la moitié de la population mondiale – qui est de trois milliards et demi de personnes – ne possèdent pas plus qu’une petite élite dont le nombre (85) pourrait  à peine remplir le bus de Londres. Nous ne pouvons pas espérer gagner le combat contre la pauvreté sans s’attaquer aux inégalité.»

Oxfam, qui dénonce un «système faussé au profit de quelques-uns», pointe les responsables de ce creusement des inégalités: la déréglementation financière, les systèmes fiscaux biaisés, les règles facilitant la fraude fiscale, les mesures d’austérité, les politiques défavorables aux femmes ou la confiscation des recettes issues du pétrole et de l’extraction minière.

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