Uhuru, le fils de Jomo Kenyatta (20 octobre 1894 – 22 août 1978), « Père de la nation » du Kenya, a remporté de justesse l’élection présidentielle, en dépit des charges imprescriptibles de crimes contre l’humanité qui pèsent sur lui. Selon des résultats communiqués, le samedi 09 mars 2013, par la commission électorale, Kenyatta a remporté de justesse le fauteuil Présidentiel, avec 50,07% des voix. Il devient ainsi, à 51 ans, le plus jeune président de la jeune histoire du Kenya. Son principal rival, le Premier ministre sortant, Raila Odinga, qui a obtenu 43,31% des voix, a aussitôt fait part de sa volonté de contester les résultats devant les tribunaux.
Modeste victoire
Peu de temps après que les autorités aient annoncé les résultats des élections, Uhuru Kenyatta a remercié ses compatriotes pour lui avoir conférer le pourvoir de les diriger et a promis de travailler avec (et pour) tout les Kenyans. «Nous célébrons, a-t-il dit, le triomphe de la démocratie, le triomphe de la paix, le triomphe de la nation. Malgré les réticences de beaucoup d’ici et d’ailleurs, nous avons démontré un niveau de maturité politique qui a dépassé toutes les attentes. Le vainqueur des élections doit rester «modeste dans la victoire», a-t-il ajouté, en reconnaissant que près de la moitié de la nation n’ont pas voté pour lui. Ses partisans, en liesse, ont envahi les rues, provoquant un embouteillage amplifié par des klaxons et chants au nom de leur champion.
Frustrations
En revanche, chez les partisans d’Odinga, l’ambiance était tendue mais calme. L’un d’entre eux a déclaré : « Notre homme a essayé d’être président à trois reprises…c’est frustrant ! Mais nous allons accepter le verdict. Que pouvons-nous faire d’autre? La vie doit continuer. » De son coté, Odinga a déclaré que le résultat de l’élection est erronée. «Nous sommes confiants que le tribunal va rétablir la confiance des Kényans dans le jeux démocratique », a-t-il dit.
Conscient de la fragilité de sa légitimité et du défit qui se profile, le nouveau Président tire sur la corde de la solidarité active. Il a salué la « campagne dynamique» de son principal adversaire : «Je sais que tous les candidats ont fait d’énormes sacrifices personnels. Et je me réjouis d’avance qu’ils acceptent de se joindre à nous pour faire avancer notre nation « , a-t-il dit.
Dilemme occidental
L’importance de ce vote va bien au-delà des frontières du Kenya. En effet, le Kenya est la plus grande force économique de l’Afrique de l’Est et une voie commerciale essentielle pour tout le continent. Il constitue un important tampon de stabilité dans une région qui comprend en son sein des nouveaux régimes qui tremblent sur leur base : Somalie, Nord-Soudan et Sud-Soudan. Plus important – du moins pour l’Occident – le Kenya est un allié majeur des États-Unis, dans la guerre contre les militants islamistes dans la région et est restée relativement stable au milieu d’un environnement marqué par des guerres civiles. Cependant cette victoire de Kenyatta ouvre un chapitre diplomatique très complexe avec l’Occident. En effet, la Cour pénale internationale a inculpé Uhuru Kenyatta pour avoir financer une milice locale qui a mené des attaques de représailles lors des dernières élections en 2007. Son colistier, William Ruto, est également inculpé de la CPI à La Haye. Mais, tous deux ont nié les accusations et ont déclaré être à la disposition de la cour pour défendre leur innocence. Cette assurance n’a pas apaisé les craintes de certains diplomates occidentaux. Avant l’élection, Johnnie Carson, haut diplomate du département d’Etat pour l’Afrique, a émis un avertissement sévère, en disant que les Kenyans ont le droit de choisir leurs propres dirigeants, mais que «les choix ont des conséquences. » Cependant, dans une déclaration après l’élection, secrétaire d’Etat américaine John Kerry a applaudi le vote, en ces termes : « Le Kenya a été l’un des partenaires les plus solides et les plus durables de l’Amérique en Afrique. Nous … continuerons d’être un ami et un allié solide du peuple kényan. » Le ministre britannique pour l’Afrique, Marks Simmonds, dans la même veine, a appelé les candidats à régler leurs différends électoraux devant les tribunaux pour éviter les violences de 2007 qui ont fait, dans ce pays très marqué ethniquement, plus de 1200 (mille deux cent) morts. Quant à Kenyatta, il a affirmé que l’acte d’accusation n’aura aucune incidence sur sa capacité de gouverner et a exhorté la communauté internationale à respecter la volonté des Kenyans.
Discrédit de la CPI
Des analystes pensent que l’acte d’accusation de la CPI pourrait avoir poussé des Kenyans à rallier la cause de Kenyatta. Beaucoup d’entre eux considèrent que cet acte est un mépris de l’Occident. Beaucoup d’Africains ont perdu la foi en la CPI et la considèrent comme une arme pointée sur la tête des dirigeants africains. Ils dénoncent le déni de justice envers les dirigeants non Africains. Pour la presse locale, le Kenya a envoyé un message fort à la CPI, une instance impuissante au service des puissances occidentales. Ses décisions n’ont aucune incidence sur les gouvernants Africains. Pour rappel, le procès à la CPI du président élu est prévu pour Juillet 2013 alors que celui de son colistier est prévu pour  le mois de mai 2013. Le Kenya est le deuxième pays d’Afrique après le Soudan à avoir un président en exercice en instance d’accusations devant la Cour pénale internationale.
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Source : cnn / pointofviewAfrica