Qu’offre aujourd’hui l’entreprise à ses salariés pourqu’ils en fassent une alternative crédible à l’engagement extérieur ? Peu de chose, à vrai dire.

LA CONTRAINTE

Le mode managérial dominant est en effet celui de la contrainte (coercition). Le mot fait d’autant plus peur qu’il décrit une réalité quotidienne des salariés bien différente du discours dominant, qui prétend mettre l’humain au centre de tout.

Car les salariés sont tous les jours davantage contraints par des outils de gestion qui cherchent à mettre ce qu’ils font, la façon dont ils le font et les résultats qu’ils obtiennent sous un contrôle toujours plus serré, toujours plus tatillon et pourtant inefficace.

Chacun de ces outils porte un nom évocateur : ce sont les fameux « process », qui visent à définir avec toujours plus de précision comment le salarié doit faire ce qu’il a à faire, lui apportant ainsi une marque tangible de défiance dans sa propre capacité à décider de ses pratiques ; ils s’appellent les « systèmes de reporting », toujours plus nombreux, devenus une fin en soi et bien plus destinés à couvrir ceux qui les créent qu’à donner une vision exacte et utile de la réalité de l’entreprise ; ils se nomment enfin les « indicateurs de performance » (KPIs, dans la « novlangue » managériale), qui cherchent à enserrer l’activité des salariés dans toujours plus de mesures.

Le propos n’est pas de dire ici que rien ne doit être défini ni mesuré. Il est d’attirer l’attention sur le fait que la machine s’est emballée, et que plus personne ne sait désormais où on en est dans l’utilisation de ces outils.