Dans un document, l’OIT souligne l’augmentation du nombre de travailleurs domestiques dans le monde entier. Ils seraient, en effet, 52 millions dans le monde, soit une augmention moyenne de 19 millions de personnes en moins d’une décennie. Majoritairement des femmes, ces travailleurs sont, pour la plupart, privés de sécurité sociale et soumis à des traitements inhumains et dégradants. Une convention internationale pour les protéger existe mais elle reste malheureusement peu respectée.

L’emploi des femmes

Selon les données de l’OIT, les domestiques – femmes de ménages, cuisiniers, jardiniers, gardes d’enfants – représentent au moins 52 millions de personnes dans le monde, soit 4 à 10 % de l’emploi dans les pays en développement et jusqu’à 2,5 % dans les pays industrialisés. Mais ces chiffres pourraient être nettement inférieurs à la réalité et atteindre les 100 millions de personnes, du fait de l’importance du travail non déclaré et de la faiblesse de certains outils statistiques.

Près de la moitié des travailleurs domestiques travaillent dans la région Asie-Pacifique (21,4 millions), 19,6 millions en Amérique latine, 5,2 millions en Afrique, 3,2 millions dans les pays développés, et 2,1 millions au Moyen-Orient et 83 % d’entre eux sont des femmes.

Le travail domestique représente en moyenne 7,5 % de l’emploi salarié des femmes dans le monde. En 15 ans, le nombre de travailleurs domestiques dans le monde a augmenté de 60 %. L’OIT précise que ces chiffres sont basés sur des statistiques officielles de 117 pays et territoires, mais qu’ils excluent les 7,4 millions d’enfants travaillant comme domestiques.

Des droits bafoués

Près de 30% de ces travailleurs de l’ombre sont totalement exclus de toute protection légale, et 45% n’ont droit à aucun congé, ni hebdomadaire ni annuel. Un tiers des femmes domestiques n’ont droit à aucune protection en cas de grossesse.

Pourtant le 16 juin 2011, une convention internationale sur le travail domestique a été adoptée, dans un tonnerre d’applaudissements, par l’OIT. En discussion depuis un an, le texte a été adopté à l’occasion de la 100e Assemblée de l’OIT, l’institution de l’ONU la plus ancienne et qui regroupe des représentants des gouvernements, des employés et des employeurs. Il a recueilli 396 voix, contre 16 « non » et 63 abstentions. Dans le détail, la convention prévoit de garantir à ces travailleurs un jour de repos par semaine, un salaire clairement défini, des conditions de travail et de logement décentes, un droit à la maternité ou encore une protection contre le harcèlement et les abus. Elle demande aussi aux gouvernements de vérifier que ces travailleurs comprennent les termes de leur contrat et de prévoir des mécanismes leur permettant de saisir la justice. Les dispositions sont parfois très précises, comme celle demandant que les employés de maison « ne soient en aucun cas tenus de se soumettre à un dépistage du VIH ou à un test de grossesse ». Le texte est toutefois moins ferme sur l’accès à une sécurité sociale ou des garanties en matière de sécurité et de santé au travail.

A ce jour, cette convention n’a été ratifiée que par trois États : les Philippines, Maurice et l’Uruguay.

Selon l’un des responsables de l’OIT, Claire Courteille : « C’est par le travail syndical que les droits des travailleurs domestiques vont pouvoir être appliqués sur le terrain (…) ».

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