1,3 milliard de personnes dans le monde, dont 550 millions vivant en Afrique sub-saharienne, n’ont pas accès à l’électricité. Pour toutes ces personnes, la vie s’arrête donc à la tombée de la nuit. Pas de lumière électrique pour faire les devoirs après l’école, pas de réfrigérateur pour conserver les denrées périssables ou des médicaments, pas de micro-ondes…. Dans les zones inaccessibles à l’électricité, la lumière provient principalement de source extrêmement polluante : bois de chauffage, charbon de bois et fumier qui contribuent au décès de plus de 3,5 millions de personnes par an.

Défi au développement

Le manque d’électricité est une source de pauvreté et donc un  défi au développement qui mériterait une attention plus soutenue. L’extrême pauvreté, la faim, le VIH / sida et le paludisme sont autant de menaces immédiates à la vie humaine. Et ne pas avoir un endroit où brancher un téléphone portable pourrait paraitre superflu. Mais la pauvreté énergétique est la cause d’une foultitude de maux encore plus profonds : 90% des enfants en Afrique sub-saharienne inscrits à l’école primaire subissent le manque d’électricité. L’absence d’électricité entraine l’absence de ventilateur ou de climatiseur, dans une chaleur équatoriale parfois étouffante. Ce sont 1.3 milliards de femmes, enfants et hommes qui n’ont également pas droit à un ordinateur ni à la lumière pour les cours du soir. La croissance économique est ralentie du fait que 60% des entreprises africaines n’ont pas accès à une énergie fiable (sans coupure et délestages), ce qui compromet le fonctionnement normal de leurs activités. De fait, les ressources énergétiques du continent sont sous-mal-exploitées.

Enjeux politiques

Cet été , le président Barack Obama a annoncé, dans le cadre du projet dit «Africa Power» (puissance Africaine), la promesse de débloquer plus de 7 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour donner l’accès à l’électricité à 20 millions de nouveaux ménages dans des pays comme l’Ethiopie et le Ghana.  » Dans la lumière où nous sommes actuellement, il y a encore des ténèbres. L’énergie est nécessaire pour sortir les gens de la pauvreté » a déclaré le Président Obama aux étudiants sud-africains au mois de juin 2013. D’autres acteurs au développement ont eux aussi commencé à faire de la précarité énergétique une priorité. Ils ont compris que la pauvreté énergétique doit elle aussi faire partie intégrante du développement durable.

Prix du progrès

Mais le défi est énorme. Alors que quelque 1,7 milliard de personnes ont acquis l’accès à l’électricité dans le monde depuis 1990, le taux d’électrification demeure le taux de croissance le plus faible dans les pays pauvres. En effet, il est avéré que toute l’Afrique sub-saharienne génère environ autant d’électricité que l’Espagne. Pour atteindre un niveau relativement raisonnable, il faudrait que l’Afrique du Sud bénéficie de nouvelles capacités de 330 gigawatts.  Le projet « Africa Power » parle d’injecter environ 10 gigawatts. La Banque mondiale estime qu’il faudrait un investissement annuel d’un milliards de dollars pour éliminer la pauvreté énergétique d’ici à 2030, soit deux fois plus que ce qui est dépensé aujourd’hui. Et même ce niveau d’investissement ne permettrait qu’une consommation minimale de l’électricité : cinq heures par jour.

Coût environnemental

La lutte contre la pauvreté énergétique coute non seulement cher financièrement, mais elle a aussi un coût substantiel sur le plan environnemental. Une grande partie de l’Afrique rural peut parfaitement être approvisionnée par des sources d’énergies renouvelables comme le solaire. Mais avec une croissance démographique galopante et explosive dans les zones urbaines, les pays en développement ont eux aussi besoin d’un réseau électrique aussi efficace que celui des villes développés. Une partie de cette électricité est actuellement produite par les combustibles fossiles, y compris le charbon, lourd en carbone. Le résultat pourrait bien être une augmentation des gaz à effet de serre. Cependant, étant donné qu’un pays comme l’Ethiopien émet en moyenne moins de 1 % du carbone, les Africains ne devraient guère se sentir coupable du réchauffement climatique. Reste que pour ceux qui vivent dans l’obscurité, l’électricité est un trésor à acquérir par n’importe quel moyen et à tout prix.

Notis©2013

Sources : Banque Mondiale/ Agence Internationale de l’Energie.

Photo: Peter Dicampo